Fausse ingénue

Marquis je vous écris de mon boudoir charmant

Celui dont vous poussâtes l'huis sans faire de bruit

Pour me surprendre au saut...du lit évidement

Vêtue de ma langueur d'oie blanche ourlée d'ennui.

Vous avez soulevé mes lourds draps armoriés,

Posant votre genou à côté de mon ventre

Puis vous avez collé vos lèvres sous mon nez,

Soupirant dans un souffle : Permettez que je rentre?

Et moi faible colombe innocente de tout

J'ai laissé pénétrer le feu et la mitraille

Dans ma couche où vous prîtes mes seins, mon con, mon cou

Attisant vil brigand, le feu de mes entrailles.

Quand sur ce secrétaire vous me fîtes levrette

Je n'imaginais point que quelques jours plus tard

Je trouverai poudrée dans mon papier à lettre

Le rose carminé que j'utilise en fard.

Je pense à votre dard en baisant ma missive

A son rouge profond pourfendant ma candeur

Et le cachet de cire  écarlate ravive

Le souvenir du feu juste après la douleur.

Je ne suis plus naïve depuis votre visite

Et à la nuit tombée je caresse mes seins

Imaginant vos mains, vos lèvres et votre bite

Violant mon corps heureux, m'emportant en butin.

Fausse ingénue je suis, la faute à vos élans,

Obligée de jouer les prudes innocentes

Alors que sous mes jupes bouillonne le volcan

Dont les laves brûlantes dévalent vers ma fente.

Marquis je vous en veux mais de grâce venez,

Venez sans plus attendre éteindre ma fureur

La lettre que vous lisez a frôlé mon beignet

Marquis respirez-la, elle porte son odeur.

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