Futile.

ellis

Je ne dors pas. Pourtant j'ai le sommeil roulé en boule au coin des yeux un peu tout le temps. Il semble vouloir s'étirer dès que tombent le soir et les efforts. Mais il doit s'étirer trop fort. Jusqu'à s'effilocher. Et foutre le camp sous les paupières de quelqu'un d'autre.

La liste des choses qui grouillent et qui grignotent s'allonge sur mon corps dès le matin. Le soir elle resserre un peu son étreinte. En prévision de la nuit qui sera pleine et profonde et seule. Je me replie. Genoux retenus sous un t-shirt trop grand dans lequel j'ai froid. Ma chaleur ne me suffit pas. Mes yeux s'ouvrent et fixent le noir. Mes cheveux sont des pagailles. Des branches de nuit. Je ne dors pas.

Au milieu des choses qui grouillent et qui grignotent je choisis de ne regarder que cette question :

Que vais-je porter le matin de ton arrivée ?

C'est un luxe inespéré une douceur, cette joyeuse et futile préoccupation. Elle s'accompagne de visions et bientôt ça me fait un drap. Je crois que je souris pendant que je réfléchis.

Sous mon t-shirt je me déplie. Je ne dors pas. Mais je n'ai plus froid. 

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