Grand-mère

Colette Bonnet Seigue

En hommage à ma grand -mère et à toutes les autres

 


Quand l'enfance revient au seuil de nos misères,

Le cœur bat ses refrains aux flots réinventés,

Une photo ambrée, celle d'une grand-mère

Fait renaître le temps qu'on a mis de côté.


Elle pardonne tout, ses bras ont l'espérance

Des printemps ravivés de nos matins chagrins,

D'un amour chaviré à la blessure franche,

Ses mains ont le velours ou l'onguent de satin.


Elle perd le tic- tac des aiguilles trop vives

Quand il nous faut œuvrer toujours à satiété,

Grand-mère- balancier pour des heures votives

Veut arrêter le temps pour tout recommencer.


Elle sait harmoniser pour nos doux babillages

De sa bouche de fée, histoires des marais

Où se hissent vampire et baguette de mage,

Grand-mère a les secrets des contes défripés.


La mienne avait ce bleu à palette océane,

Où j'aimais m'y plonger pour noyer un chemin

Trop encombré de coups, d'ingérables savanes,

Dans ses bras j'existais pour un meilleur destin.


Extrait de mon roman : Les Mots de Marie

- Manette ! Non ! Pas Toi ! J'ai besoin de toi ! Nous avons besoin l'une de l'autre. Douce Manette, ne meurt pas !

- Congestion cérébrale… Coma… Paralysie…

- Alors tous ces mots enfouis dans ton cœur pour moi ? Cadenassés ! Figés ! Grave- les dans ma main qui serre la tienne. Ton corps se révolte en s'arc-boutant. Tu veux vivre, avec moi, avec nous. Vis encore, je t'en supplie ! Pour la vache bleue, pour toutes les étoiles filantes ! Sans toi, tout va mourir. Sans toi la lune se voilera, les boutons de roses vieilliront, la vache bleue coulera à flots, mes yeux garderont la couleur de l'ombre, ils ne verront plus jamais la rosée de ton jardin et plus jamais je grandirai ! Vis pour nous deux ! Rien que pour nous deux !

Manette est morte…

- Manou, vois, j'ai que des mots mouillés, ils tombent drus sur ton corps gelé. Des mots-torrents qui n'en finissent pas de dégringoler à la dérive d'un océan invisible ! Ton âme elle, a la lumière boréale de l'onde marine. Une myriade de larmes s'étale sur la mer violine…Un vent givré dépouille l'azur plissé de rides d'eau. Prisonnière, une vague en mal d'écume s'abandonne à la dérive d'un cœur noyé…

Ton âme a l'aurore boréale de l'onde marine…

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