JE ME SUIS NOYEE UN MERCREDI

thelma

Je me suis noyée un mercredi.

L'eau a inondé ma gorge puis s'est écoulée

dans mon larynx pour gaver mes bronches

dans un râle à peine audible.

Mes oreilles immergées, complices du supplice

s'accordent à mes yeux résolument fermés.

Au fondde mon âme, j'ai envie de hurler tout le dégoût

que j'ai vis-à-vis de ce monde bafoué.

Le temps tue les moments immondes.

Il s'arrête au-dessus de ce bain bouillant sur

lequel miroitent des flammes vacillantes.

L'encens accompagne les bougies

éparpillées partout dans la salle de bain pendant

que je décide sciemment de me noyer.

L'air me manque, la musique résonne et bourdonne

à travers le filtre naturel qu'est l'eau.

Le  calme est envahissant, le gouffre recule.

Je me mets à méditer.

Le vide s'empare de moi jusqu'au moment où

un chat bondit sur le bord de la baignoire.

Mes yeux s'ouvrent malgré moi. Je suffoque.

Le chat a fait capoter mon suicide. Mes mains

toutes ridées cherchent malgré tout à caresser

la nuque de ce chat furibond. J'ai faim. J'ai froid

et j'ai chaud. Ma serviette glisse le long de mes

hanches pendant que j'ausculte mes rides dans

le miroir. La buée m'écœure et le ciel par la fenêtre

me paraît trop bleu. Il est temps de vivre.

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