J't'aime bien, mais de loin.

rafistoleuse

On te veux, on te désire, je suis sûre que tu te sens plus pisser. Tout le monde recherche ta compagnie, c’est vrai, t’es adulé comme un dieu. C’est abusé. Les gens viennent de partout pour t’avoir contre leur peau. Je ne comprends pas trop pourquoi on t’aime à ce point. T’as pas les chevilles qui enflent un peu, là ? Faudrait les voir, toutes, se dévêtir rien que pour toi, et comme tu en profites en plus ! Tu les chauffes, tu les chauffes, et puis tu te barres tranquillement. Elles ne t’en veulent même pas. Sûrement parce qu’elles sont intimement persuadées que tu vas revenir un jour où l’autre. Tu ne restes pas loin très longtemps.  C’est que t’as une réputation à tenir. Elles brûlent toutes pour toi, à des degrés différents, heureusement. Toi, ton truc, c’est quand elles s’habillent en noir, ça te met en effervescence, le charme par excellence. Quand t’en croises, t’es comme un fou. Tu te contrôles plus, tu veux toucher partout, en même temps, et le pire c’est que t’y arrives, à tes fins. Mais t’as toujours faim, t’es insatiable, tu couches tous les soirs, et le matin tu recommences. Tu ne te lasses jamais, et elles non plus. Mêmes victimes de tes coups, elles en redemandent sans sembler vouloir s’en protéger d’avantage.  En plus, elles sont plutôt partageuses, t’as de la chance. Il t’arrive d’avoir des petits coups de blues, t’es pas invincible. Mais ton absence se fait toujours cruellement sentir. Mais t’es un joueur, j’aime bien ça.

Et puis d’accord, t’es plutôt sympa, non, vraiment. Je sais que tu dois avoir un peu de mal à me croire vu comment j’agis en ta présence. Mais moi j’aime bien prendre le petit déj’ avec toi, pourquoi pas un après-midi à la plage de temps en temps mais ça s’arrête là. Je ne peux pas te supporter trop longtemps, ça me gave. Tu me donnes des maux de tête. Alors du coup je te laisse faire tes numéros avec les autres, moi je préfère rester à l’écart, t’observer de loin. Et c’est vrai que c’est de loin que t’es le plus magistral. Tu crées comme une aura de bien-être autour de toi. C’est comme si tu rendais les choses laides moins laides, les choses tristes moins tristes. T’as un sacré pouvoir, je ne suis pas tellement sûre que tu sais à quel point tu les rends accros, ou alors si, tu le sais parfaitement et tu prends encore plus de plaisir à disparaître. Puisque tu sais qu’on t’attend, qu’on t’espère. C’est même plus un melon que t’as comme tête, c’est une planète.

Moi je voudrais savoir ton secret, comme tu gères ton emploi du temps, c’est quand même balaise. Ca force l’admiration.  

Je te vois déjà rougir de colère, et d'orgueil, mais c'est même pas la peine de penser à te venger, j'ai une crème solaire haute protection.

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