LA BONTE DES PAUVRES GENS

Marcel Alalof

                              LA BONTE DES PAUVRES GENS.

  Dans la pièce voisine, quelqu'un crache ses poumons. Je pense aux pantalons de velours, longtemps perdus de vue, qui sont revenus dans ma vie. Pourquoi ? Je pense à mes années d'étudiant, où je m'habillais comme bon me semblait, c'est-à-dire mal pour la plupart des filles,qui me le disaient. Je pense à ce pantalon de velours qui me servait aussi de pyjama quand je ne rentrais pas chez moi, qu'il n'était pas utile de repasser ou de laver parce qu'auto-nettoyant,  qui m'accompagnait partout, qui roulait pour moi, aux mille raies que je n'avais pas comptées parce que je le croyais sur parole. Puis un jour, dans la rue, il m'avait lâché. J'enroulais mon pull-over autour de ma taille et rentrais chez moi.

 J'interrogeais la concierge qui me dit que le pantalon n'était pas décousu, mais déchiré, non réparable. Elle sentit mon dépit et sans doute compatit, car le lendemain je trouvais un paquet sur mon paillasson.

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