La fille d'un soir

Un air de jazz au fond du bar

Un homme accoudé au comptoir

Il se demande ce qu’il veut boire

Il ne fait pas très chaud ce soir

Dehors souffle un vent bizarre

Il va donc prendre un café noir

Avant de noyer son cafard

Au fond d’un verre de désespoir

Son film est un échec notoire

Perdu au tréfonds d’une salle noire

Peu de personnes sont venues voir

L’apocalypse et ses déboires

Tout à coup résonne un bonsoir

Voix chaleureuse du pianiste noir

Qui dit vous êtes en forme ce soir

Pour slamer la fille au cigare

Elle danse lascive sur le comptoir

Danse du corps hallucinatoire

Il ne boit plus son désespoir

Dans la vieille tasse de café noir

Il la voit bien la fille d’un soir

Dansant sur un bout de buvard

Il filmerait bien le bonsoir

De la voix du pianiste noir

Le pianiste joue un air de jazz

C’est du bon il se sent en phase

Mais il rajouterait bien une phrase

Pour la belle danseuse en extase

Il dirait venez je broie du noir

Puis je vous payer un coup à boire

Danseriez vous pour moi ce soir

Même si ça vous paraît bizarre

Je pourrai vous suivre au hasard

D’une musique d’un joueur de jazz

Et même si je vous parais naze

Ne me laissez pas si blafard

Les doigts glissent sur le piano noir

Lui murmure que dans un miroir

Il peut se regarder ce soir

Penser une toute nouvelle histoire

Il ne se sent plus un fuyard

Perdu dans un épais brouillard

Comme passerait un corbillard

Un film et ses corbeaux criards

Il boit sa tasse comme un ciboire

Se dit qu’à l’aube d’un nouveau soir

Il peut danser sur un comptoir

Avant de penser au revoir

Il va vers le pianiste noir

Pour lui dire je vis un cauchemar

J’ai envie de cette fille d’un soir

La séduire semble être tout un art

Le pianiste lui répond bizarre

Ce n’est pas le fruit du hasard

Car ce soir souffle le blizzard

Qui modifie votre regard

Vous avez brisé le miroir

En chassant votre désespoir

Vous espérez la fille d’un soir

Mais c’est la femme des idées noires

Moi je ne suis qu’un joueur de jazz

Qui improvise sur vos cafards

Moi je ne suis qu’un joueur de jazz

Qui slam la fille au cigare

Le joueur reprend une note trop tard

Pour la danseuse du comptoir

Furieuse elle écrase son cigare

Sur une main perdue au hasard

Il regarde stupidement hagard

Il n’ose pas vraiment y croire

Comment fait cette panthère noire

Pour arracher tous ces regards

C’est décidé au crématoire

Ira brûler son film noir

Il écrira cette belle histoire

Dans un cahier au feutre noir

Il fera alors table rase

De ses chagrins ses désespoirs

Il écoutera le joueur de jazz

Composer pour la fille d’un soir

Un air de jazz au fond du bar

Un homme accoudé au comptoir

Il se demande ce qu’il veut boire

Il ne fait pas très chaud ce soir