Le cri que je garde

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Les eaux serpentent et l’ocre des pierres dormantes blesse ce qu’il me reste de regard.

Je ne suis que l’arbre planté trop tôt, sur un sol trop meuble, sur une terre de marécage.

De mes racines vertes, je défais lentement les nœuds, me délie des attaches.

Je ne veux plus savoir ce qui m’a posé là, je ferme mes feuillages.

Et pourtant, c’est moi qui crie plus fort que les oiseaux scellés. J’ai dans ma gorge un hurlement, toujours le même, qui me fait revenir à ce que je refuse, aux chagrins impossibles, à ce vouloir toujours, encore plus.

J’ai, dans ma gorge, un cri qui ne vient pas, une alerte sauvage que je garde coincée parce que rien n’est ainsi, pas aussi fort. Parce que rien n’est si fort que ce cri que je tiens tout au fond de ma gorge.

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