Le défi d'Anne

Mots à glisser obligatoirement dedans :

Idylle/murmure/extase/welovewordiens/partage/sincérité/mots

d'amour/désir/vérité/vivre/liberté/tolérance/rêve/espoir/nuage/

existence/évanescence/énigme/métisse/émerveillement .

Lorsque je découvris le défi d'Anne, lancé en partage à tous les welovewordiens, la tête me tourna et un fourmillement de mots se mit à vrombir tout autour de moi, un véritable nuage qui me masqua tout le reste alentour.

 Je n'avais plus qu'une idée, comment résoudre l'énigme, de mettre bout à bout cette longue liste de mots, choisis en toute liberté par mes acolytes, mais qui allaient faire de moi un véritable forçat de la trouvaille. Je m'attelais à la tâche, sans plus émettre un seul murmure capable de m'en distraire.

A dire la vérité, certains mots me semblaient si lointainement apparentés entre eux que je songeais avec effroi qu'il me faudrait atteindre l'extase de l'écrivain, pour les caser tous ! Il était déjà loin, le temps où je m'imaginais enfiler, comme dans un rêve, tous ces mots comme autant de perles sur un collier ! Je ne m'attendais plus, de la part des lecteurs avides en bons mots qu'à un maigre sourire de tolérance, qui revêtirait peut-être, dans le meilleur des cas, la forme amusante d'un smiley !

Bon, je voyais bien qu'un lien se dessinait entre certains mots d'amour, mûs par un commun désir de transformer l'essai et de prolonger l'idylle sur toute une existence, grâce à une dose quotidienne d'émerveillement qui leur serait amoureusement insufflée, renouvelant ainsi le plaisir par leur infinie variété.

Mais à vivre comme une damnée, accrochée à son bureau comme une moule à son rocher, je caressais l'espoir d'y parvenir, un jour, et de connaître le juste soulagement de l'artisan, dont l'objet, même s'il ne bat pas des records en termes d'esthétique,  est tant bien que mal achevé et répond au moins à son utilité première, relever un défi. Pour lequel, soit dit en passant, je te remercie Anne, en toute sincérité !

Et je m'octroyais même une pause, afin de laisser reposer la pâte, et d'anticiper la nature toute métisse qu'aurait, une fois sorti du four, mon texte fait de bric et de broc, repoussant l'idée que certains n'y verraient que du feu, alors que d'autres le trouveraient sans queue ni tête, et ce qui est plus grave encore, sans âme.  

L'envie me prit alors de tout jeter pour m'en délivrer enfin, et de me repaître du spectacle de mon brouillon rôti par les flammes. Mais je ne le fis pas, craignant de faire de mon salon un sauna, si j'allumais en plein juillet une bûche pour ce faire.

 Je jugeais alors qu'il était temps de passer la main, et de demander leur aide à certains auteurs de la communauté en ligne, qui se prêteraient à l'exercice avec plus de panache que moi ! D'autant que la promesse d'une petite sauterie avec café, chocolat et autres gâteries faite la veille par l'un d'entre eux avait fait sur moi l'effet d'une bombe et que je ne parvenais plus qu'à penser caramels et gourmandises…mon envie de défi s'était envolée, comme elle était venue, en toute évanescence !