''Lettre à France''

enzogrimaldi7


   Hartley library (bibliothèque, faux- amis!), 5ème étage, rayon littérature française. Personne. Je feuillette un volume du Marquis de Sade: un menu simple mais exquis me renvoie à toi, encore et toujours.


Puis sur Internet j'apprends que 300 000 de mes compatriotes ont envahi Londres ces dernières années. Qui parle de problèmes liés a l'immigration? Ici, je t'ai oublié le borgne. A Birmingham (2ème ville d'Angleterre), il y a un quartier nommé little New Delhi, on n'en fait pas un fromage! J'ai visité Broadway, l'originale, avant de devenir ce rêve américain. Magique!


L'exil a du bon: il permet de vérifier les mythes et légendes sur les gens ou les pays. Ici on me parle souvent de toi Normandie. Dans cette école on a groupé les élèves avec les noms de tes plages. Nous étions tous réunis dans la cour pour nous souvenir. J'étais ton digne représentant ma mie dans cette communion fraternelle autour du 11/11 avec un coquelicot (poppy) à ma veste.


Alors, ‘une nuit que j'étais à me morfondre dans quelque pub anglais' (Gainsbourg, Initials BB), je t'ai rêvée, ma patrie. Depuis, 'j'ai remué le fond des ombres dans l'attente de me réveiller avec l'éclat de l'été en son écho puissant' (Tristan Tzara, Où boivent les loups), sous cette lumière unique qui a attiré chez toi quelques uns des plus grands peintres.


Comment va ma ville? S'endort-elle toujours aussi bien les après-midi de canicule? ‘ville de la léthargie coquine, ville chienne, ville famélique, somptueuse cité, ville lèpre et colère enfouie, ville.'(Carlos Fuentes, La plus limpide région). Rue du Panier les sons s'entremêlent, pas de répit à l'heure de la sieste, dub jazz rock reggae, melting pot musical, dans l'antique quartier.


Oui tu me manques ma ville, mon pays, mais l'appel du grand large reste le plus fort ‘l'homme passe sa vie à lancer des amarres, puis, quand il est saisi dans le calme du port, pour peu qu'à l'horizon une fumée l'appelle, il regrette à nouveau la liberté des mers' (Louis Brauquier, Je connais des Iles lointaines).


                                            *    *     *


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime

Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même,

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.


                                                                   Paul Verlaine

                                                                 Mon rêve familier.


Je cours toujours après ma Juliette. Shakespeare et Byron n'inspirent plus qu'une certaine classe du côté de Porto Belle. Rien de neuf dans l'étrange étrave de cet univers sale où s'enlise le rêve en épine dorsale.


Puis j'ai reçu ce message: flowers die, stories end, songs fade, memories are all forgotten and all things really come to an end but people like you are treasured.


Voilà quelque temps déjà que je ne t'ai vue mon amour. Ces quelques mois paraissent des siècles tant ton empreinte est forte.


Tout me manque: ta spiritualité, ton exception culturelle, la finesse de ta langue, la couleur de ton vin, les fragrances de tes régions, le goût de ta cuisine, les clameurs d'un certain stade, les chansons de tes poètes, un cinéma à bout de souffle, tes inimitables peintres et…l'élégance de tes femmes, ‘la bibliothèque d'Alexandrie rebrûle à chaque instant où je te serre dans mes bras' (Marcel Moreau, Nous, amants au bonheur ne croyant…)


Je me souviens de mes virées dans Paris, ces nuits folles à rechercher ta trace mon immortelle bien aimée. ‘Ces nuits t'en souvient-il, me souvenir me nuit, ceux qui s'aiment d'Amour n'ont qu'elle pour adresse et tes lèvres en tenaient tous les soirs le pari, ô nuits à peine nuits couleur de la tendresse', chantait Aragon (Les yeux d'Elsa) depuis Londres, quand un certain ennemi t'occupait, incapable de te séduire il t'avait violée.


Et puis il y a ton sud, ta lumière, ta perle, ton sexe. Je pense à ces moments privilégiés au bord de mer dans la douceur printanière, quand à la nuit tombée, les échangent prennent un autre ton, quand les regards se comprennent, se pénètrent et s'abandonnent.


                                                                            2004

https://youtu.be/lnIcQBh-utA

  • J'aime beaucoup.
    Bon c'est le dernier.
    Cette fois ci.
    Vraiment
    Bonne nuit.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    1338191980

    unrienlabime

    • En attendant peut être de vous rencontrer auTrain bleu, un petit morceau pour la route, inspiré par vous...https://youtu.be/t8Lb14kRRBc

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Qu'est ce le train bleu, pardon?

      · Il y a plus de 6 ans ·
      1338191980

      unrienlabime

    • Merci pour le morceau, très joli, très belle voix.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      1338191980

      unrienlabime

  • Vous jonglez merveilleusement de la beauté au manque, de vos mots à ceux que vous citez, avec une aisance déconcertante tant ils se mêlent et s'entremêlent sans jamais s'emmêler. Touchant

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Journalintimebon

    damephoenix

    • Oui c'est bien cela: le manque ce soir là éclata, si j'ose dire au grand jour. Cette danse, que vous décrivez, me vint naturellement, entre les sanglots et les extases. Merci beaucoup pour votre (très) subtil commentaire.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • J'adore cette chanson et votre texte ...

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Ciel de feu

    cielle

    • Merci a vous. Heureux de faire vote connaissance.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Encore des fautes .... ;) Bannissez votre correcteur!

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Ciel de feu

      cielle

  • Belle déclaration!

    · Il y a plus de 6 ans ·
    B

    yseult

    • Tres heureux qu'elle vous ai touchée.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • qu'elle vous aie , non ?

      · Il y a plus de 6 ans ·
      B

      yseult

    • Oui Satané correcteur sur Mon appareil. Il est en mode anglais et le subjonctif c'est un peu trop fort pour lui. Prof?

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Pointilleuse sur l'orthographe .

      · Il y a plus de 6 ans ·
      B

      yseult

    • Ça nous fait un point commun.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • ;)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      B

      yseult

  • un très beau texte, mais notre France est parfois bien frileuse !

    · Il y a presque 7 ans ·
    Photo

    Susanne Derève

    • Conservatrice oui mais elle a souvent été avant gardiste ds le passé.

      · Il y a presque 7 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • Dans l'ennemie des sables, le diamant et le sel, se cristallisaient en nous....

    · Il y a presque 7 ans ·
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    flodeau

  • Un texte très touchant que je perçois avec émotion. On part une semaine en laissant les consignes et lorsque l'on revient, on ne reconnait plus rien !

    · Il y a presque 7 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Attention une semaine sur Venus cest a peu pres 7 ans...

      · Il y a presque 7 ans ·
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      enzogrimaldi7

  • Excellent. Très bel hommage. Et que de références ! un régal.

    · Il y a presque 7 ans ·
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    Marcus Volk

    • Ah tu sais encore mieux que moi ce que j'ai essayé de dire.

      · Il y a presque 7 ans ·
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      enzogrimaldi7

    • Oui j'ai bien compris

      · Il y a presque 7 ans ·
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      Marcus Volk

  • Quel bel hommage!

    · Il y a presque 7 ans ·
    Kalvmxlw

    minuitxv

    • Je suis heureux qu'il vous ait touchée. Loin de ce(ux) qu'on aime, on (dé)mesure leur(s) valeur(s).

      · Il y a presque 7 ans ·
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      enzogrimaldi7

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