L’ombre d’un doute

Hervé Lénervé

Moi, j’ai une ombre !

Enfin, pas toujours, des fois je n'en ai pas.

Elle est bizarre mon ombre, elle vient, elle part, mais je ne la vois jamais partir, ni revenir.

Je m'aperçois, tiens aujourd'hui j'ai une ombre, hier j'en avais pas. Mais quand elle est là, elle ne me lâche pas d'une semelle, collante comme une femme, enfin surtout la mienne. Je ne sais pas si elle vous colle comme ça aussi, ma femme ?

Bon, mon ombre, de temps en temps, elle va faire un tour. Où ? Aucune idée, car elle revient sans jamais me ramener un truc à manger de ses courses.

Autrement, j'ai essayé de la semer en courant, pas de bol, elle courre aussi vite que moi, 2 km/h.

C'est très difficile de tromper mon ombre, je prends un air mine de rien et cette mine-là, je sais très bien la faire, c'est celle que je fais le mieux. Je marche peinard en sifflant, les mains dans les poches et hop ! Je fais inopinément, un crocher inopi-nez à droite, sans raison affichée et bien elle ne se trompe jamais de côté. Balèze mon ombre !

J'ai renoncé à essayer de la tromper, c'est plus dur que de tromper sa femme et moi, je ne suis pas pour la difficulté. Donc, je vis avec sans essayer de la comprendre et là, je parle pour les deux.

Je ne sais pas si vous en avez une aussi, d'ombre ? Si cela se trouve chacun a la sienne, un peu comme l'âme. Quoique franchement, moi, l'âme, je ne sais pas trop ce que c'est au juste, alors comme je ne l'ai jamais vue, peut-être que je n'en ai pas !

Tiens, est-ce que mon ombre a une âme, au fait ?

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