Mal aux trésors.

Je sais plus écrire je sans écrire tu. Et ça m'emmerde un peu. Beaucoup. Toi aussi, dis ? Ouais. Ça t'embête pas, de squatter un pronom comme ça ? Un pronom c'est personnel, tu vois ?

Je sais plus, écris ! Bouscule-moi. A croire qu' y a que comme ça que je comprends. Cris ! Que mes pieds pataugent là où ils devraient pas. Que je m'aventure sur des sols glissants et y a pas de signalisation. J'ai beau voir l'eau de là où je suis, je me figure bien la boue que ça risque de donner tant je traîne des trucs dégoutants sous les semelles. Et pourtant j'y vais quand même. Faille que faille.

Je sais plus, et… Toi non plus. Tu me regardes mi-pitié, mi-sourire. C'est le pire. Cette gêne qui a le cul coincé entre deux chaises. Tu voudrais peut-être te taire pour de bon. Mais t'attends de moi que je le fasse. Mais tu sais quoi ? Je suis con dans mon genre, je le ferai pas.

Je sais plus. Pourquoi je continue comme ça ? C'est quoi le sens de nous ? Qu'est-ce que je suis pour toi ? Et qu'est-ce que je reste, si on soustrait ce que tu as entreposé dans ma malle aux trésors ? Moi j'ai mal à nos trésors, ouais. C'est fragile comme du papier, coupant tout pareil, mais beaucoup moins palpable.

Je sais. Au fond je sais bien. Mais ignorer la chute imminente la repousse un peu. Alors je pousse de toutes mes forces. Comme une bagnole qui avance plus. Imaginaire, la bagnole. Parce qu'elle est déjà à la casse, en vrai. J'veux pas que tu te casses. En vrai.

Jeux. Les jeux des je sont dangereux. Y a rien de plus vicieux. C'est comme un paintball intérieur avec des balles d'encre qui font du plomb dans les ailes. Des frères et sœurs qui se tirent les vers du cœur et ça laisse des trous béants. Des trous dégueulasses qui puent le manque et l'incertain. Ça schlingue à des kilomètres, et les couleurs veulent plus s'approcher. C'est con. Je voudrais terminer bien, mais si y a un truc que je sais pas faire, c'est mettre un point.

Je sais plus t'écrire …