Métro nomme...

5h48, il entre dans la cabine, le jour n'est pas encore levé et le café à la main il souffle déjà sa routine...

Il est seul, il soupire et pense « Merde, Jo aurait pu au moins dégager ses restes de pizza, ça pue... »

Pas de fenêtres vers l'extérieur à cet espace, aucune possibilité d'évasion, juste un tablette en angle, ce fauteuil pivotant, un téléphone et ces 5 écrans allumés en permanence.

Il s'assoit, boit son café, il ne se demande même pas comment sera sa journée...

6h00, les portes dehors s'ouvre, ça y est, ça commence. Il soupire...

Déjà au travers de ses cinq écrans là, autour de lui, des anonymes, déjà, il est encerclé.

Prisonnier de ces images qui défilent et dans lesquels il ne peut interagir, jamais...

D'un couloir à l'autre, il regarde ces individus encore tous enveloppés de la léthargie de cette heure matinale.

8h30, il baille, d'ennui, de ce sommeil qu'il n'a pas encore quitté et il regarde toujours...

Puis... Là sous ses yeux, une femme, sa vision capte son attention, elle vient de tomber, un genou à terre, là devant lui, de dos, il la regarde...

Elle tente de rassembler rapidement les effets qui se sont échappés de son sac, ses gestes semblent fébriles et frénétiques.

Il voit de dos cette femme en tailleur et talons aiguilles, il voit les secrets de sa vie éparts au sol, il voit de dos son désarroi...

Zoom avant sur la scène...

Il regarde cette femme, détaille sa silhouette; elle est brune et fine, ses mains aussi, une peau blanche et des ongles parfaitement manucurés, pas très grande sûrement, sa tenue reflète un goût marqué pour sa féminité et ses aiguilles donne comme un air d'effronterie à sa silhouette.

Ah, voilà, elle se relève, se réajuste, elle se retourne et là il la voit, il voit son visage...

Elle est brune aux cheveux court, malgré l'expression de trouble lié à cet incident, il la voit jolie, son regard habillé de noir, sa bouche à peine soulignée, il la voit là toute entière...

Et.... Il sourit...

Zoom avant et au plus près...

Elle va poursuivre son chemin, il ne veut rien manquer d'elle.

Elle regarde autour d'elle, afin surement de matérialiser les témoins de sa détresse...

Il la regarde au plus près et a l'impression de lire en elle, tant ses expressions disent autant que ce dont il a été spectateur...

Elle lève ses yeux noirs et habillés et voit la caméra, elle se mord les lèvres... Elle regarde la caméra et retrouvant sa prestance, elle sourit... Elle le regarde...

Il a alors, lui pourtant seul dans sa cabine, un mouvement instinctif de recul et se cale en biais de cette écran qui la détaille au plus près, lui: qui la regarde de ci près...

Il sourit aussi, réalisant alors qu'elle ne le voit pas, qu'elle ne peut le voir, il regrette d'être là, seul, lui à cet instant; anonyme...

Elle reprend sa marche, il la regarde s'en aller et marteler le sol de la mélodie de ses pointes, sa silhouette s'éloigne de son champs, jusqu'au dernier instant il reste attachée à elle, à sa démarche légère, à ses secrets éparts un instant à terre, à cette parcelle d'elle qu'elle cache sous son tailleur travaillé, à son sourire adressé à l'œil au dessus d'elle, à lui...

8h38; « c'est une belle journée » pense t'il...

Et demain... Peut être sera elle là aussi, elle,  demain... Elle, son inconnue de la ligne 4...