Neurasthénie humaine ou Révalation d'après rupture.

slive

Chère Aurélia,

Sache qu'au moment où j'écris cette lettre, j'ignore moi-même comment elle va ce finir, je l'écris pour me sentir mieux.

Quand je parle de toi, on me demande encore pourquoi je te voue telle obsession. Je répondrais à ces imbéciles sans âmes que, de bien des manières, lorsqu'on aime une femme, surtout telle que toi, on est en droit, dés le début d'une relation, de se dire que la douleur de la perte va être si forte, si ancrée dans notre esprit, dans notre être que chaque seconde passées dans ce sombre cachot non-onirique nous laisse soupçonner que demain le garde arrivera pour nous dire : c'est l'heure d'en finir.
Je vois mon bourreau : c'est toi, et bien que la douleur sera lourde de conséquence sur ma vie de tous les jours durant les années qui vont suivre je ne peux cesser de t'aime ou peut-être pas qui sait ? Peut-être arriverais-je enfin à prendre sur moi, enfiler un pantalon et arrêter de vouloir t'espionner aux coins des rues. Ceci n'étant pas le cas en ce moment même et de ce fait, dis-je pour les ingrats hypocrites, j'ai le droit de me plaindre quand bon me semblera. Jusqu'à ce que le monde change, plus aucune fadeur, plus aucune brûlure nocturne. Plus d'insomnies si longtemps déjouées par les bienfaits apaisant de l'amour.

Mais, en cet instant, c'est la neurasthénie qui touche mon être empli d'une turpitude certaine envers des actes que j'eu commis ; étais-je trop présent ou pas assez ? Trop brute nos soirs de passion ? "Vous êtes ce que l'ombre est à la nuit, me disait-il, l'un l'autre du même monde, la même vie et si ce n'est pas le cas et bien je peux vous l'assurez, vos âmes sont du même niveau". Le jour où nous nous sommes mariés, le trente novembre, nous eûmes de nombreux discourt. L'un de nos invités, tu devineras lequel, m'a donné son discourt. Il t'avait beaucoup plus:

A mes tendres amis, Aurélia et Clive. Ah ! Que dire sur ces deux tourtereaux ? L'une est pure, elle a des yeux noirs d'une profondeur admirable qui nous laisse, à notre première rencontre, dans un doute extrême ; une impossibilité de cerner qui se cache derrière ce si beau visage. L'autre, avait-il dit en posant sa main sur mon épaule et la secouant légèrement en riant, est un grand rieur. Il blague sur tout ; a tendance à vexer que cela plaise ou non. Lors de ma première rencontre avec ce type, il m'était venu à l'esprit, pardonnez moi mesdames, que ce type était un vrai connard. Puis j'ai appris à le connaître : se rabattant derrière un masque de décontraction, il a un cœur en or. Pour ces deux descriptions je n'ai pas eu a trop réfléchir. Les choses parlaient d'elles mêmes. Ils se sont trouvés et ils n'ont pas intérêt à se lâcher.

Qui aurait cru que tu aurais couché avec lui quelques mois plus tard ou, d'après ce que j'ai su il y a peu, le lendemain. Tu te rappelles au moins de notre premier soir ? Tu avais ta robe plissée, par pudeur ou par attention, où on ne pouvait y voir que tes chevilles et le début de ta poitrine tachetée de taches de rousseur. Un an passa et avec le temps notre couple, bien que les débuts furent prometteurs, du moins je le pensais, battait de l'aile. Mais je t'en aimais toujours autant, j'avais des doutes, des craintes et lorsque cela venait, je m'éclipsais dans mon bureau pour commencer à boire. Le premier Décembre Samantha est née, belle petite fille. Les nez de sa mère et le charisme de son père. Je fus si fier.

Puis il y a eu ce soir là ; je rentrais du travail comme à mon habitude. Fin heureux de retrouver ma merveilleuse famille. On ce disputait fréquemment mais ce soir là, doux jésus, ce soir là fut la descente aux enfers, un abysse de douleur où Ulysse lui-même n'aurait pas plongé pour sauver Pénélope. Ce n'est rien, ce que tu m'as annoncé ce soir là, changea ma vie. Tu es partie avec SA fille me laissant seul, moi et mon insomnie.

Voilà, je sais où je veux en venir à présent. J'écris cette lettre pour faire mes adieux à la vie, j'écris cette lettre pour qu'on comprenne bien que si je fais ça ce n'est pas par amour en soi, même si cela en est la base, j'en suis arrivé à un point où je ne pouvais plus supporter la dédale de mon agonie. Comprenez-vous ? L'amour a déclenché chez moi une neurasthénie tellement profonde qu'il en ait ressorti plusieurs causes à effets. Je parle ici, de la base et non des raisons.

Sachez aussi que, pour la personne qui lira cette lettre en premier, si vous me voyez agoniser, ayez pitié.

Laissez-moi crever.

Clive T.

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