Phimosis ou l'habit du moine
apophis
(Update au 21 Avril : Ce texte, étant le premier que j'ai diffusé, m'a encouragé à en diffuser d'autres, mais surtout, de part son caractère "personnel", m'a beaucoup aidé à poursuivre ma quête, à m'assumer, à être quelqu'un. Je suis donc bien plus mature qu'il y a quelques semaines à peine que je l'ai écrit, je correspond donc moins au "personnage" qu'on lit ici. Sans le renier ou ne plus l'assumer donc, je le conserve en l'état, acompagné de ce petit commentaire entre parenthèses.)
Avant de continuer votre lecture soyez informés du fait que l’anatomie et la sexualité masculine sont des sujets qui seront abordés, il n'y a rien d'obscène, ces choses sont de la nature et que les tabous génèrent bien plus de négatif que de positif. Donc si vous pensez que je vais parler « de trucs dégueulasses » ou que « je suis un obsédé », je vous saurais très gré de quitter dès maintenant cette lecture sans le moindre commentaire.
Drôles de manières pour qui n’est pas sur un site de rencontres ; pourtant, pour vous, je vais me décrire, cela prendra tout son intérêt pour la suite. Je suis donc un jeune homme de vingt quatre ans et presque toutes mes dents, celles de sagesse m’ayant étés retirées. Je mesure un peu plus d’un mètre quatre vingt et entre cent et cent cinq kilos de moins que je n’ai de centimètres. Les lignes plutôt sportives puisque j’ai toujours considéré l’entretien de mon corps important. C’est vrai mon nez bouge un peu quand je parle, je porte des lunettes et mes cheveux sont réticents à être coiffés, mais ni de visage ni de corps je ne suis repoussant.
Je ne suis pas sot du tout et on me l’accorde très souvent, je l’accepte presque à contrecœur. J’ai de nombreuses passions intellectuelles qui varient et se diversifient avec le temps, vous pouvez constater, qu’entre autres, je n’écris pas mal. J’ai été amené à pratiquer des activités de l’astronomie au théâtre en passant par le graphisme et la philosophie, ce sont des passions que je pratique volontiers ; la liste en est courte et très incomplète !
« Ce garçon là a tout pour réussir, faire des études, s’amuser, se marier ! »
En effet rien d’évidence ne me vouait aux échecs : J’ai mes deux parents, une fratrie complète sans misère ; je n’ai pas vécu d’agression traumatisante et d’évidence pas de raison d’être complexé. Pourtant le mal être était quotidien, dissimulé de moi-même par moi-même, j’étais le véhicule de l’incompréhension autour de et en moi. Je sais que j’ai fait beaucoup de mal également et l’idée d’en provoquer à nouveau me terrorise.
Je viens de fêter mes vingt quatre ans, c’est la première fois depuis plus de dix ans que je n’avais pas véritablement fêté mon anniversaire, et c’est presque en symbole de renouveau que j’ai voulu le faire. Bientôt un autre anniversaire plus personnel : celui de cinq ans du célibat le plus mal vécu qui soit. Mon corps était bien plus problématique qu’il n’y paraissait et celle qui, en plus de passer de « chérie » à « vile menteuse », venait de me blesser si profondément . Ce sont des questionnements que tout adolescent a eu, qu’il eut du mal à accepter son visage disgracieux ou son embonpoint, ses bras freluquets ou sa voix nasale, ses petits seins ou ses fesses plates, … « s’assumer comme on est » est une formule qu’on trouve beaucoup dans la bouche ou sous la plume des adolescents.
Impossible ! Le comble du Français !
« Mon corps me plait comme il est, je veux le garder tel quel ! »
C’est ce que je répondais quand on me demandait si je voulais le percer ou le tatouer. Et c’est aujourd’hui une incomparable ironie d’apprendre que j’ai dû en faire couper le prépuce. C’est mon second anniversaire personnel, après demain cela fera six mois. Le problème qu’avait ce dernier n’à été vu que de moi et mon ex avant que n’en fasse le constat mon chirurgien urologue puis mon généraliste. Et cinq ans donc se sont écoulés entre la première et les deux derniers, le temps pour moi d’accepter cet acte contre moi, de perdre toute raison.
Depuis la toute petite enfance cet organe sous mon prépuce à été assimilé à la douleur. Et c’est cette idée de douleur qui m’a retenu aux âges ou on essaie de l’ouvrir, le prépuce, soit dès l’enfance. Bien sûr dès le collège je commençais à entendre que j’étais « différent » ou encore un « mec bizarre ». Et ils avaient raison, mais je ne le savais pas encore. Me faire à l’idée que je ne savais rien, découvrir le plaisir là ou je voyais la douleur, et le faire à vingt trois ans, sont en elles des idées des plus déstabilisantes, et m’ont apporté la certitude de ne pas avoir grandit comme les autres garçons.
C’est par ce que ma famille ne m’en a jamais vraiment parlé, que cette situation à été possible.
C’est par ce que c’est encore le sujet le plus délicat du monde, que j’attaque sans honte le puissant tabou.
De très longs mois durant j’ai été chômeur, plutôt asocial, quasiment asexué ; et je ne montrais aucun intérêt pour le travail, peu pour ma famille et mes amis, et que de puissantes forces me bloquaient bien avant d’envisager l’intimité ou la nudité avec le sexe opposé. J’étais de glace : froid et dur avec moi-même autant qu’avec autrui.
« Qu’arrive t’il à ce bel intellectuel ? »
Aujourd’hui, sans mon prépuce, je commence à peine à accepter mon corps tel qu’il est devenu. Je suis dans les premiers jours de ma vie où je suis capable d’écrire sans détours ce que je pense, de vous le communiquer, et le tout sans que je m’en morde les doigts plusieurs mois durant. J’ai simplement la profonde conviction que je dois le faire, j’y reviendrai.
Mais la glace aussi à fondu, la découverte de la partie la plus attendrissante de mon corps m’a effectivement attendri. Mon cœur se réveille et le manque d’affection devient terriblement pesant.
Tout ce qu’aujourd’hui mon corps tout entier demande me parait encore difficilement accessible. Irais je charmer les jeunes filles de certains atouts physiques, de petites déclamations charmantes et bien placées, pour qu’elles découvrent très vite un homme très différent ? Chercher parmi ces filles du passé qui m'ont connu alors que j'était asexué ? Devrais je courir les filles faciles, qui très vite me blesseront ? Dois je à contrecœur chercher la seule satisfaction de mon pénis, et récolter le peu d’affection résultante, enfin blesser quiconque d'un douzième de ce que j'ai été blessé ? Non merci , non merci !
Je me vois juste comme un pauvre homme plus si jeune qui ne demande que l’amour le plus naturel qui soit, qui à bien plus besoin d’un gros câlin que d’une folle nuit de sexe… Mais mon cas n’est pas unique, évidemment, et c’est plus là que commence ma conclusion.
Dans un monde qui -sans trop d’ironie en plus- voudrait nous vendre du sexe en boite et qui se prétend ouvert sur la sexualité, des hommes peuvent grandir dans l’ignorance et/ou le déni des problèmes posés par leur propre sexe (ironiquement lui-même « en boite » dans mon cas). Personne n’en fait grand cas, je suis peut être le premier ! Pourtant cela se fait de la dyspareunie, l’anorgasmie ou de la clitoridectomie chez les femmes. Toute ma vie j’ai vécu troublé par l’idée de la douleur sexuelle et depuis qu’un morceau en à été coupé, je sait que j’ai longtemps été privé de l’organe qui sert au plaisir. Mais je devrait me taire et vivre comme si de rien n’était ? Lorsque l’on me demande « Alors ! Quoi de neuf ? » Je dois fuir le regard et chercher milles excuses rocambolesques à n’avoir pas eu de nouvelles si longtemps ? Un pan entier de ma famille doit rester dans l’ignorance de ce qui, pourtant, a indirectement provoqué leurs inquiétudes à mon égard ?
Evidemment non. Je suis pas seul dans un cas similaire, nous ne sommes pas la misère de la Somalie, ni les victimes d’un pédophile, ne sommes pas mourants et ne sommes orphelins que d’une toute petite partie de nous même, quand on à eu le courage de choisir entre notre prépuce ou notre tête, ... notre malheur est insignifiant mais il existe et le mutisme seul suffit à le nourrir.
Nous sommes victimes silencieuses d’un agresseur immatériel nommé « tabou », et nous ne méritons pas de souffrir du vent qui souffle.
C’est donc à tous que s’adresse cette note, qu’il soit ou deviendra parent, chacun peut rencontrer ce fléau de paille et personne ne veut qu’il advienne la même chose à ses enfants. Le phimosis, rencontré chez l’adulte, n’est pas un diagnostic anodin. Rien ne justifie qu’il se rencontre à cet âge et la seule origine de ces petits malheurs n’est que le tabou que j’espère avoir efficacement contribué à combattre.
Mathieu Genoud
Vous pouvez transmettre, traduire, diffuser, modifier ou même vous approprier ce texte, j'assume l'intégralité de ce que j'y dis et j'encourage même tout ce qui pourrait favoriser sa diffusion. Merci !
Les suggestions ou corrections d'orthographe et de syntaxe sont les bienvenues également :-)
je n'étais pas venue sur ce texte depuis un moment, et je te réponds: "de rien"!
· Il y a plus de 12 ans ·tu as vu comme on parle librement de ton texte et de ton "sujet"? c'est une victoire, ça, Mathieu, non?
Karine Géhin
Le plus dur aujourd'hui est la sensation d'avoir grandi incomplet et du coup avoir bousillé mon adolescence, d'avoir dû perdre un organe pour un autre, d'avoir dû accepter cette cicatrice de plusieurs centimètres et le manque d'affection.
· Il y a plus de 12 ans ·Le plus dur est passé !
apophis
Non, j'ai été circoncis à 23 ans ^^,
· Il y a plus de 12 ans ·Les pédiatres, les urologues et les généralistes ne sont pas tous d'accord sur les "nettoyages".
Pourtant n'importe quel psychiatre et tous les sexologues s'accordent à dire : ne touchez pas au sexe de vos enfants, encore moins si vous êtes du sexe opposé !
apophis
Je ne connaissais pas ce problème, mais j'ai lu sur Wikipedia, la nature du probléme de cette "maladie"le Phimosis! Je crois surtout, qu'étant un enfant, et que l''on n'a pas pris la précaution de t'expliquer, l'opération, surtout sans anesthésie, et que ce n'était pas une coutume juive, la circoncision, je pense,excuse moi de le faire, que ta douleur vient du fait que l'on t'a enlevé une partie de ton anatomie, sans ton accord, ni explication, et que ce manque te poursuit. Si je me trompe, excuse moi. je suis une grand-mère de 4 petits enfants, dont un garçon de 21 ans. Ma fille lui a fait ce nettoyage et le décalotter dans son bain, il n'a jamais souffert, tout cela me dépassait, ce n'était pas la même génération.
· Il y a plus de 12 ans ·Yvette Dujardin
Au delà de l'aspect anatomique, de bonnes réflexions sur le monde actuel. bravo !
· Il y a plus de 12 ans ·Moody
@Layla : Merci :) En fait la fiction est plus mon délire à la base, j'ai au moins un univers plutôt fantastique qui en parle très franchement, mais que j'ai plus travaillé graphiquement et, pour une histoire, pensé seulement les grandes lignes.
· Il y a plus de 12 ans ·Merci merci :)
apophis
Ecrire ce texte me semble déjà être une belle victoire ! !
· Il y a plus de 12 ans ·Belle écriture dans un témoignage raconté sans étalage Chapeau bas
reverrance
Quelques nouvelles modifs (merci Mystéria !) :
· Il y a presque 13 ans ·Page 1 ligne 2 : ajout de "il n'y a rien d'obscène," et retrait du "que"
ligne 4 : "je vous serais très gré" devient "je vous saurais très gré"
Page 2 ligne 5 : "que j'ai voulut" devient "que j'ai voulu"
ligne 9 : "tout adolescent à eut" devient "tout adolescent a eu"
ligne 15 : "j'ai dut" devient "j'ai dû"
page 3 ligne 9 :"je ne montrait" devient "je ne montrais" (des fautes d'imparfait !)
ligne 19 : "attendrit" devient "attendri"
apophis
c'est un plaisir de t'aider!
· Il y a presque 13 ans ·bravo encore pour ton texte!
Karine Géhin
@Eaven : Oh mais la circoncision m'a été très bénéfique ! Je recommencerai pas c'est certain :-)
· Il y a presque 13 ans ·@Mystéria : Aïe je suis encore loin d'avoir une conjugaison parfaite ! Merci beaucoup j'irai voir, m'instruire et corriger mes fautes demain.
En fait le premier paragraphe c'est aussi pour le publier dans des milieux plus hostiles genre réseau social bien-trop-connu ou "sites d'infos alternatives", les lecteurs peuvent y être plus difficiles mais il y à beaucoup plus de gens à toucher, donc beaucoup plus de phimosis potentiels que ce texte pourrait aider.
Et puis comme je pouvais être moi-même troublé assez facilement, je ne sais pas du tout comment un lecteur quelconque perçoit le reste du texte.
Et merci à tous ! L'accueil fait à ce texte me fait très plaisir, vraiment :-)
Et je me sens très bien sur ce site web qui va me motiver à écrire et surtout diffuser mes écrits plus souvent.
apophis
Ah la la j'avais fait un long commentaire et y s'est fait manger. Je disais que si tu as mis des garde-fous c'est que tu en avais l'envie pour caler le lecteur dans l'esprit de ton texte, et aussi que ces garde-fous te présentent aux lecteurs, ils font partie de toi et te révèlent. Moi, je les aime bien.
· Il y a presque 13 ans ·Je disais aussi que tu as eu raison de briser ce tabou, bien plus secret encore que la descente d'organe ou la totale. Que tu devrais effectivement en parler à ta famille pour voler dans les plumes des non-dits et non-faits. Mais que contrairement à la chirurgie associée aux deux autres atteintes sus-nommées, la circoncision ne peut t'être que bénéfique ainsi qu'à tes futures chéries. Et... qu'en plus ton texte très émouvant a été bien accueilli ici et bien compris, que donc l'avenir s'annonce sous de joyeux auspices.
eaven
ton texte m'a plu. il se veut informatif mais il est très révélateur.
· Il y a presque 13 ans ·et comme tu es ouvert aux corrections orthographiques, je me permets de te glisser quelques remarques:
on dit "je vous saurais gré", "je n'ai pas vécu", "que j'ai voulu le faire", "tout adolescent a eu", "j'ai dû", "je ne montrais", "m'a attendri"
tu vas te dire que j'exagère, mais je suis un peu cinglée de l'orthographe! je trouve ta syntaxe bonne, et j'aime la tournure de tes phrases.
plus important que tout ça, ton message m'a émue, car il s'agit bien de souffrance physique et morale et je te trouve très courageux de nous livrer ce témoignage si intime.
je te souhaite une bonne continuation!
Karine Géhin
olala je ne lis pas tous les com que ton texte a suscité! c'est un témoignage, il ne me laisse pas indifférente, je suis une adepte de l'émotion, j'avoue que j'ai ressenti une tristesse froide.(entre nous je croyais que tu allais dire des choses choquantes!!!viens surtout pas chez moi c'est mi enfer mi drame!!)
· Il y a presque 13 ans ·l'animelle à tendance rouge et noir
lanimelle
joli texte respect
· Il y a presque 13 ans ·lepoetedu32
Merci :-) Correction faite !
· Il y a presque 13 ans ·apophis
" j'assume l'intégralité ce que j'y dis ", tu as zappé " de " ce que j'y dis
· Il y a presque 13 ans ·Ton essai est plutôt bien réussi.
Rien à ajouter.
Ha si. Merci à Wictorien pour le partage. :)
Pseudo Pseudo
" "Jouïr sans entraves", je pense en connaitre un rayon sur le sujet :) "
· Il y a presque 13 ans ·C'est toujours bizarre quand on se rends compte deux heures plus tard à quel point c'est horrible en vérité d'avoir écrit çà, pire d'y ajouter un petit sourire.
Je procède à quelques modifs :
Page 1 ligne 6 : "le site de rencontres" au pluriel.
Citation sous le troisième paragraphe : "Ce garçon là a tout" et non "à tout"
Page 3 ligne 9 : "; et je ne montrait" devient "; je ne montrais"
Page 4 ligne 1 : "Irait je" deviens "Irais je" (j'ai un examen à la fin de l'année !)
ligne 6 : ajout de ", enfin blesser quiconque d'un douzième de ce que j'ai été blessé ?"
ligne 10 : "prétends" devient "prétend"
apophis
Ah oui ! J'avais lut "je relis" au lieu de "je me relis" !
· Il y a presque 13 ans ·Je vais travailler un texte pour le concours "Jouïr sans entraves", je pense en connaitre un rayon sur le sujet :)
apophis
Vos avis sont très bien reçus, merci.
· Il y a presque 13 ans ·Ce texte à été très peu corrigé est vous est présenté à peu de choses près dans sa forme brute.
Je sait aussi que je ne propose aucune définition de ce qu'est le phimosis et certaines tournures ne me plaisent pas tant que ça.
Je n'ai pas pensé au fait que j'utilisais des termes négatifs, la communication étant un des buts de ce texte il est vrai que j'aurai dut en intégrer les bases.
J'ai tenté de condenser un maximum des réflexions qui me sont venues depuis mon opération, pourtant je n'ai fait qu'effleurer le sujet. Il n'est peut être que le premier d'une longue suite, les informations qu'il contient seront probablement revues et ré-exprimées dans un futur proche. Sinon je n'exclus pas d'en faire des correctifs.
Je serai ravi de voir ce texte être partagé, merci !
apophis
ah et puis c'est vrai... le réservé aux moins de 18 ans ne me semble pas nécessaire !
· Il y a presque 13 ans ·Ysabel G
Pas entièrement d'accord WA... J'y vois plus de ressentis que de garde-fous. Je trouve qu'ils sont importants pour tout situer, comprendre... Quant à toi, Mathieu, effectivement tu n'es pas un jeune homme ordinaire... pas ou peu de fautes et l'envie d'écrire ce que tu as à dire... vous êtes peu nombreux dans ce cas. Ce texte peut être une façon de refermer la porte sur des années de souffrances. Est-ce que tu aimerais qu'il soit lu par ta famille ? Je crois que cela serait bien. J'espère bien que tu nous raconteras bien d'autres choses et alors, petit à petit, les quelques maladresses qui peuvent être dans ton texte disparaîtront de tes écrits.
· Il y a presque 13 ans ·Ysabel G