Punaise
Apolline
« Ces Henry, ces un numéro temporaire… »
Punaise, depuis trois jours que nous avions fait connaissance, les sms rayonnaient et pleuvaient à l'allure d'un arc-en-ciel où seul le violet avait du mal à percer.
Deuxième punaise, au début, les chasseurs, les pêcheurs ou d'autres qui ne savent pas laver leur vaisselle écrivent et ponctuent très bien. Puis soudain, c'est comme l'affiche qu'on a envie d'exposer, que le premier clou pose sa face, paf : les mots volent en éclats, s'écorchent comme s'il ne fallait plus réfléchir, aller vite droit au but, que si combien même, l'affiche est bancale, on s'en tape le coquillard du restant. Ici en l'occurrence, à ce début d'intro, le verbe être venait de chuter dans la tôle à ordure en même temps que je me demandais comment être face à ce Henry présenté.
Troisième punaise, au-delà du fait que mon jeune fils depuis longtemps m'avait souligné gentiment : « tu sais Maman, plus besoin d'abrégé dans les textos ou fautes, on écrit tout maintenant », je me laissais dire surtout, que ces messages étaient non seulement de trop, mais souvent futiles, déconcertants et dérangeaient en plus les véritables réflexions et silence d'usage. Bref, au-delà de ma propre tolérance très récente d'accepter ce pataquès d'erreurs de langage qui n'en finissaient pas entre cet homme et moi et surtout afin d'éviter d'écraser ces punaises convulsives au risque de me polluer le nez pour de bon, je tentais de cerner du mieux possible cet être sous le derrière de ce verbe étrangement caché de mon champ de vision.
Cependant, Henry est assurément très beau. Du moins, très à mon goût. En plus, nous nous sommes accordés de suite dans nos élans et regards de vie. Nous nous plaisons, c'est évident. Il est bavard certes, mais n'est-il pas nécessaire de laisser parler les hommes aussi longtemps qu'ils le désirent ? Ils ont autant de choses à dire que les femmes ou d'autres punaises existentielles. Il ne faut jamais omettre cela. Et justement lui, j'ai vite compris que son ex avait tellement été dominatrice jusqu'à rafler tout son compte en banque, il avait bien morflé et surtout beaucoup au niveau de son manque à se raconter. Re-punaise ! Moi aussi j'aurai pu en exprimer quasi autant, si ce n'est plus. Mais bon, j'ai préféré minimiser. Pour deux raisons : d'abord, à quoi bon revenir sur mon passé, c'est fait. Ma page d'hier s'avère définitivement tournée, je me sens toute neuve. La deuxième raison, quand calmement je commence à partager un peu de moi, Henry me coupe pour revenir sur lui. Au moment de l'au revoir ce premier soir, on mourrait d'envie de s'embrasser mais on ne l'a pas fait. Tant pis, on allait se dire bonjour demain et puis parfois, faut savoir laisser le désir ériger son œuvre. Ensuite, les sms ont chauffé bouillants de son côté et plus qu'il n'en fallait : « Tu es belle, craquante » « j'avais trop envie de te volé un baiser. » « Là j'suis tt nu dans ma piscine. » « Je viens de faire tombé mon portable dedans. » « Il fait des bulles. Oui prenons notre temps, tu a raison » « Je vais le changer lundi. » « Tu m'en veux pas j'espère. » « Le bisous se fera le jour où tu en aura envie toi. » « Tu dit plus rien… » « Pas trop de rêve coquin sinon tu vas me violé demain. » Oulala punaise, j'avais beau faire vite dans mes réponses, impossible de le suivre… Usée, j'ai coupé le ding ding pour aller me coucher. Encore punaise d'arc-en-ciel… Allez hop demain, avec lui, pour une fois, faut que j'arrête de gamberger, je largue les amarres, j'suis toute neuve quoi...
Hormis le fait qu'il occupait souvent ses mains à éplucher ses chevilles brûlées dans un soleil excessif, le lendemain a été très bien. Balade, baignade, orangeade et même après, j'ai proposé dans la foulée : « viens je t'invite chez moi ce soir ». Le tout en s'effleurant parfois la main. La pizza et le rosé que j'ai offert, c'était assez bien. J'avais une punaise de faim, ça m'tournicotait l'cervelet. Il manquait juste des silences pour que ma barque suive le courant de la destination, enfin quoi, Notre destination… Puis, c'est mon chat, épanoui et très sociable, qui a déclenché une piste et raz de marée. Henry a cru bon de m'énumérer toutes ses histoires animales en détail comme ce chien voisin par exemple avec sa chaîne de 50 mètres qui lui rongeait le cou jusqu'à ses poils qui repoussaient par dessus, qu'il fallait le sauver à tout prix, qu'il avait défoncé le portail de ce voisin cruel, récupéré le pauvre chien en triste état, lui avait retiré cette punaise de chaîne imprégnée dans sa peau, à vif, avec une lame de rasoir, que le chien tout maigre, il n'avait pas bronché, qu'il l'avait nourri, égal comme son autre chien, que tout allait bien,que tout allait mieux. Et qu'un jour soudain paf ! : le clébard ressuscité avait sauté sur l'autre chien docile pour l'égorger comme un sauvage. Pour finir Henry, avait saisi son fusil pour détruire sans sourciller le meurtrier. Pendant tout ce temps de glaçon tremblotant, le chat, moi et même l'aiguille de la pendule baillaient désespérément à l'abandon. Je me suis donc levée du fauteuil. J'ai repris mes amarres, je lui ai dit bonsoir. On s'est fait la bise. J'étais desséchée. Plus tard, au moment d'aller me coucher, les sms sont repartis de plus belle. « cet après midi, javé envi de t'embrassé de partout » « jé eu du mal à sortir de l'eau, tu auré vu mon désir mdr… » etc etc... Punaise de punaise déconfite, le verbe avoir sonne le glas.
La chaleur s'est encore amplifiée aujourd'hui lundi à mon portable dans ses ding ding matinaux dans un désir de canicule à son paroxysme. Le best est : « D'ailleurs, si cetai que de moi je viendrai dessuite te faire l'amour » Henry craque complet et pourquoi pas moi aussi. La tête dans les cigales, je lui réponds illico : « ben viens ».
Et c'est super. Je me réjouis de ma réponse. Tant pis pour ma tête du matin. Et d'être en nuisette. Au moins, rien ne vaut le naturel et puis ce sera plus simple ahah… Attention pas de projections ! Mais je ris toute seule. Il va arriver pour me pénétrer directe debout à l'entrée. Mais je ris encore. Non de non, cette fois j'ai déclamé à mon chat : Pas de projections ! Mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser : Heu… il va plutôt me coucher sur la table, je vais d'ailleurs la fariner, ce sera juste énorme. Mais je ris de nouveau. Stooop les projections ! Zut, je vais m'faire de la poterie et il viendra me caresser de sensualité exacerbée par derrière. Mais qu'est-ce que je raconte, il n'est pas devenu mort quand même.
« Je suie à la boutique Orange, je change de tel »
Okay, je me donne alors le temps de me préparer, de m'habiller mieux finalement, de me crayonner l'œil, puis d'ouvrir l'ordi et de vaquer à mes quelques occupations. Tant pis ça se passera autrement. Je me l'étais bien dit : Pas de projections ! Cette fois j'ai le fou rire qui me tient, punaise de pleins de punaises !
D'autres sms ont abondé comme entre autres : « Voilà tu m'as donné envie de te violé » « je ces que tu n'en a pas envie mai bon je sui un homme ces comme sa » « si je comprend bien toi aussi tu as envie de moi, tu sait, je suit très futé lol » Sacré arc-en-ciel, c'est beau non ?
Et puis ce dernier comme je l'ai déjà mentionné :
« Ces Henry, ces un numéro temporaire… »
Brusquement, sous mon bateau, y a eu des énormes bulles de sauvetage qui m'informaient que je devais vite changer mon ancrage. J'ai donc du reprendre en vitesse les amarres. Et, quand il m'a rajouté en plus qu'il ne sait pas lire entre les lignes des messages des femmes, qu'il a toujours envie de moi, que CES comme ça, j'ai relevé franchement la tête de mes cigales pour remarquer des mésanges qui zinzinulaient dans mon ciel. Etre clair. Voilà, comment être ! CLAIR ! Et l'Henry, il m'avait assez saoulé avec ses testicules funambules de bulles tintinnabules. Son jeu de numéro tentacules SERA temporaire sans futur à jamais. Punaise d'être. Punaise de niaise.
Moralité : Permettez-moi de rire encore mais cette fois à gorge déployée joyeuse. Ce n'est pas compliqué avec un soi-disant baiseur qui ne fait que plisser des mots de mal être insoutenable, faut juste apprendre à biaiser et c'est là que l'expérience du métier de biaiseuse doit rentrer en ligne de mon conte… avec ardeur, avec entrain. Moi, Mesdames, Messieurs, mon ouvrage, c'est de faire des robes en biais, pour bien biaiser une robe ma foi, y en a pas deux, pas deux comme moi…
Moi, j'ai jamais su lire entre les lignes, ces comme ça !
· Il y a environ 6 ans ·effect
Mais tu sais les écrire, un big bisou mon cher Phil !
· Il y a environ 6 ans ·Apolline
punaise!!! j'aime ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·Patrick Gonzalez
M'ci Patrick d'avoir inclus la tienne.
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
merci à toi,,,je découvre peu à peu,, et j'aime,, de plus en plus
· Il y a plus de 9 ans ·Patrick Gonzalez
sourire, je n e jette pas la pierre au personage masculin car né en désordre orthographique et plein d'une histoire qui hânte ma peau, je ne suis guère mieux que cet homme, par contre le sourire est là, ah on me l'a dit franco de port ; " tu ne connais rien aux femmes" punbaise c'est si vrai ! merci !
· Il y a plus de 9 ans ·Jean François Joubert
Merci de ton partage Jean-François et sourions aisément et simplement à cela :)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
un mot c'est invité "punaise" plus pour le ton de votre histoire votre marque de fabrique est de voler au dessus du sujet tout en douceur :) plaisir de vous lire et bonne journée !
· Il y a plus de 9 ans ·Jean François Joubert
ça congèle le glaçon protégé d'une robe biaisée, Henry et ses mots sauvages manque d'une génétique qui se traduit par l'éducation et le savoir écrire les mots doux, les mots foux...
· Il y a plus de 9 ans ·Pawel Reklewski
quand la gène devient un tique... cela ne peut pas s'accorder sous l'éthique d'une robe troussée à sa juste valeur. Merci Pawel ;)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
les tiques s'accrochent fort sous les jupes ... avec leur trompe...
· Il y a plus de 9 ans ·Pawel Reklewski
Oh punaise!!! l' Henry!!! J'en rigole... encore d' Henry le baiseur Kissous
· Il y a plus de 9 ans ·vividecateri
Punaise de fournaise, la transpiration d'on rit on rit hiihi... un p'tit baiser rafraîchissant Vivi.
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Kissousssssssssssssssss
· Il y a plus de 9 ans ·vividecateri
Sans mentir, si son ramage se rapporte à son plumage, attention aux punaises, euh aux morbaques je veux dire...
· Il y a plus de 9 ans ·Chris Toffans
Autant te dire que l'Henry, il se rase et à lui tout seul au propre comme au figuré, mais il ne le voit pas ... Bien à toi cher Chris :)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Franchement j'adore !! Un texte qui fout pas le cafard punaise de punaise !!! Tu pouvais peut être lui proposer un p'tit tour à la débredinoire !!! et je ris encore de ton "ben viens" Excellent ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·ade
Franchement tu as fait fort et que ça fait du bien de rire ch'tite gatte ! ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·ade
smacks la Belle et le bonjour chez toi :)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Tout pareil ;-)
· Il y a plus de 9 ans ·ade
zut j'ai effacé mon com... bon en tout cas, excellent aussi le clin d’œil de la débrédinoire et re merci Ade.
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
Le baiseur biaisé ou le biaiseur baisé ?
· Il y a plus de 9 ans ·erge
selon l'humeur de l'aiguille et d'la température Mr Erge :)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
En ce moment, c'est la chaleur qui me biaise !
· Il y a plus de 9 ans ·erge
En ce moment, c'est la chaleur qui me biaise !
· Il y a plus de 9 ans ·erge
lol je vois ça ;)
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline
haha ! pourtant avec un prénom pareil... mais tu m'as fait bien rire, surtout avec ton "ben viens". jouissif. merci !
· Il y a plus de 9 ans ·ellis
j'aurai du en faire le titre, punaise ;) m'ci toi !
· Il y a plus de 9 ans ·Apolline