Tu t'apelles Vérone

Je peins à la fenêtre et tu soufflètes dans un angle

un autre matin d'un tout autre jour

identique pourtant

le vent fêlé

sifflant aux recoins

et toi  

loque et chien

ivre et fou

égaré incertain

le grave a touché ton front

creusé ravage

formé sillon

dilué le bleu ailé du ciel

et le rouge qui coulait sur tes nuits

des colliers de brume amère

s'égrènent sous tes paupières

de vieux râles comme de vieux refrains

dans tes soupirs

me lassent

je griffe à ton balcon comme je crache la vie à ton visage

et te pince les os

toi qui attends, toi qui espères

figé immobile

chaque minute

une nouvelle vague

qui te ramène à ses contours

à sa bouche et à sa peau

toi qui t'oublies

et te perds

naïf

tu pourrais graver

tous les murs de tous tes mots

y enfermer tous les parfums

que la pierre resterait marbre

tes amours fossilent

et tu ne sais pas

tes sépultures

tes toiles mortes sous mon pinceau

et mes rires qui trébuchent

encore

tu te traines acide

m'éclabousses chien

comme un chiot qui ne sait rien

comme un homme qui n'est plus

c'est l'attente qui nous broie les mains

et le silence  qui couve nos douleurs

je  pourrais murmurer à tes silences

les notes d'hier

ces printemps fragiles

ces draps blancs qui ont formé tombeau

 mais tu t'appelles Vérone

et tu n'es rien

que l'eau qui coule

et qui demain

nous emporte.