Un condamné

arthur-roubignolle

Un condamné


Vous savez pourquoi vous êtes ici ?


Oui ça va, inutile de me le rappeler, pas la peine d'en rajouter, je n'en ai plus pour longtemps et j'aimerai être tranquille pour mes derniers moments s'il vous plaît...


C'est normal, vous avez même droit à vos dernières volontés, c'est l'usage...


Ah ah, laissez-moi rire, vous allez me proposer une cigarette ? Alors non merci je ne fumes pas...

Ma dernière volonté, vous voulez la savoir ? Rendez-moi ma liberté !


Vous savez bien que ce n'est pas possible, mais si vous désirez autre chose, dites-le...


Amenez-moi du rhum alors, et du fort, ça m'aidera quand le bourreau viendra...


Entendu, je vais le chercher, ne bougez pas...

(Le condamné ricana.)

Avec les chaînes que j'ai aux pieds ça ne risque pas...


L'homme revint peu de temps après, mais il n'était pas seul, le bourreau était avec lui

(C'était un petit homme chauve qui paru évidemment sinistre et répugnant au condamné...).


Le geôlier tendit un verre de rhum à celui qui était en train de vivre ses derniers instants.


Deux hommes entrèrent dans la cellule, les aides du bourreau....


« Ça va ? Il est calme ?

- Oui ça va, il est résigné, on peut y aller...


Le prisonnier redemanda un autre verre de rhum, et quand il l'eut bu, ils se mirent tous en marche, traversèrent de longs couloirs qui débouchaient sur une esplanade.

Le condamné aperçut alors l'horrible machine...

Devant elle le Juge, des assesseurs, des gardiens.

Le juge lu la sentence :

« En vertu des pouvoirs qui me sont conférés, et attendu que votre grâce à été rejetée par le Très-Haut.

Nous, juge de la cour suprême  nous vous condamnons à vivre pour une durée de quatre vingt douze ans !

Ainsi en a décidé le grand tribunal du Paradis !

L'exécution de la sentence est immédiate !

Le condamné hurla : « Quatre vingt douze ans ? Bandes de salauds, donnez-moi juste vingt ans, c'est déjà assez horrible comme ça ! ».

L'on saisit le condamné et on lui mit un bâillon pour étouffer ses cris.

Tout alla très vite, les bourreaux attachèrent l'homme à une planche qu'ils firent basculer.

Ils actionnèrent un levier et le couperet s'abattit dans un sifflement sec.

Et, au même instant, dans un monde situé un peu plus bas, un enfant vint à la vie en poussant un cri.

Il était tout neuf, sans mémoire et totalement innocent...




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