Il ne faut jamais rompre un dimanche

Frédéric Clément

Il y avait le ciel pesant comme un silence

Des bras artificiels autour de ma souffrance

Des veuves assoupies sur le perron des portes

Et des rêves tapis d'ombre, de feuilles mortes



Il y avait du gui le long du cimetière

Et la lande infinie, et des marais austères

Où copulaient sans joie quelques bêtes immondes

C'était lundi, je crois, après la fin du monde



Il y avait ce chœur d'un couvent d'Ursulines

Des lambeaux de mon cœur sur des buissons d'épines

Des enfants qui pendaient au bout de cerfs-volants

Des chariots embourbés dans la glèbe et le sang



Il y avait l'orage étincelant de brume

Comme un dernier hommage à tout ce que nous fûmes

Et des cerfs aux abois dans des forêts profondes

C'était lundi, je crois, après la fin du monde



Il y avait le ciel pesant comme un silence

Des bras artificiels autour de ma souffrance

Le cadavre d'un doute au pied de mes remparts

Et cette lettre courte où tu disais : Je pars…

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