A Noël, cette année, il neige à Bamako…
wen
A Darcy et Malou.
Sur la piste principale de Moribabougou, ville du Mali située à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Bamako, Aïssata courait en laissant les maisons défiler le plus vite possible de part et d’autre. Ce petit bout de femme de quatorze ans courait à en perdre haleine.
A la fin de l’école, elle avait réussi à récupérer non sans mal une batterie pour le téléphone portable de sa mère. La sienne avait rendu l’âme depuis trois jours déjà. Il avait fallu trois jours avant de pouvoir en récupérer une correctement chargée et pour un prix en accord avec l’argent dont elle disposait. Trois jours sans nouvelles de sa petite sœur Salimata.
Alors Aïssata courait vite pour ramener la batterie à sa mère. Il devrait normalement avoir un appel ce soir pour les informer sur l’état de Salimata.
Salimata a onze ans. Elle en paraît effectivement onze mais fait-on vraiment vingt-six kilos pour un mètre trente-neuf à onze ans. Si on fait ce poids pour cette taille lorsque l’on a onze ans, c’est qu’il y a un truc qui ne va pas.
Le médecin l’avait déjà remarqué lorsque Salimata était allée le voir avec sa tante. Elle n’avait pas pu y aller avec sa mère. Visite chez le médecin ou pas, il fallait bien continuer à s’occuper de la maison et de ses frères et sœurs. Et puis, son papa ne comprenait pas pourquoi elle devait aller voir le médecin. Selon lui, Salimata allait très bien. Elle ne mangeait pas beaucoup peut-être, elle aurait pu être un peu plus enrobée mais il n’y avait pas là matière à s’alarmer et encore moins à aller dépenser de l’argent chez le docteur.
Alors, il y a trois mois maintenant, juste avant le début du mois de septembre, Salimata était allée le voir toute seule avec sa tante tout juste plus vieille qu’elle de quatre ans.
Le médecin de Moribabougou l’avait ausculté et avait entendu quelque chose. En prenant son stéthoscope et en le posant sur sa poitrine, il avait fait une tête bizarre. Tout ce que Salimata savait, c’est que le contact de l’appareil relié aux oreilles du docteur était froid. Ca le faisait rigoler.
Lorsqu’elle ouvrait les lèvres pour rire, ses dents blanches comme de l’ivoire s’offraient au regard et éclataient de clarté son visage à la peau noire comme le plus noir ébène. Le contraste était aussi saisissant que l’était ses yeux. Ses pupilles couleur de charbon se détachaient de son iris blanc et laissaient voir l’esprit d’une petite fille intelligente, maline, et observatrice de tout ce qui se passe autour d’elle.
Après avoir enlevé son petit appareil froid du torse trop frêle de la petite fille, le docteur lui expliqua qu’il entendait des bruits qui ne lui paraissaient pas normal. Il prit son téléphone et demanda à Salimata et à sa tante de rester là et d’attendre en silence.
Il appela directement le service cardiologie de l’hôpital Mère-Enfant Le Luxembourg de Bamako. Il obtint au téléphone le service de cardiologie et demanda à parler au Dr Mohadou Sanogo.
— Dr Sanogo à l’appareil j’écoute, entendit-il dans le combiné.
— Salâm aleïkoum Mohad’, c’est Kass’, dit-il pour lui rappeler rapidement en mémoire leurs années de médecine en France où ils avaient pris l’habitude de s’appeler avec ses diminutifs. Tu te souviens, poursuit-il, Kassoum Touré, je t’appelle de Moribabougou, nous étions à l’Université de Rennes ensemble.
— Oh ! répondit Mohadou, Aleïkum salâm mon ami. Est-ce que tu vas bien ? Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
— J’ai présentement dans mon cabinet une petite fille ravissante et courageuse de onze ans que je voudrais t’envoyer à l’hôpital pour que tu l’auscultes.
A l’intonation de la voix du médecin, le Dr Mohadou Diarra, spécialiste cardiaque réputé dans tout le pays et chef de service cardiologie en passe de devenir administrateur de l’hôpital comprit immédiatement le sérieux de la demande.
— Ah, je comprends. Il laissa un blanc dans la conversation puis reprit. Et tu crois que c’est grave.
— Oui, je le pense en effet répondit-il d’une voix blanche. Puis il se reprit. Je pense que ça serait bien de la voir rapidement. Crois-tu que tu pourrais lui trouver un moment dans ton agenda dans les jours qui viennent demanda-t-il avec une inquiétude palpable dans la voix.
— A ce point-là ? répondit seulement Mohad’.
— Oui, je le pense dit tout aussi simplement Kass’, le rythme et la sonorité –il n’osa dire des battements du cœur pour ne pas effrayer la petite fille toujours devant elle– posent problème.
— Je vois répondit calmement le médecin de la capitale.
Il feuilleta son agenda. On entendit au loin quelques cliquetis sur un clavier d’ordinateur aux touches visiblement usées, puis le Dr Kassoum Touré, dans la moiteur de son dispensaire de la banlieue de Bamako, sous les pales d’un ventilateur de plafond aussi vieux que sale, entendit son ami râler contre son matériel informatique qui fonctionnait mal. Il était obligé de reprendre son agenda papier aux feuilles gonflées et gondolées par l’humidité ambiante.
Il l’entendit revenir vers le combiné du téléphone et s’en saisir.
— Ecoute, je te propose de me l’envoyer mardi de la semaine prochaine. Je l’examinerai le matin, normalement j’aurai un peu de temps et je pourrai lui faire faire une échographie cardiaque. Et je la garderai probablement l’après-midi, pour voir son cas, en cas de besoin, avec mon collègue Asmaou Sidibe.
— Je te remercie infiniment mon ami, je lui dis tout de suite et je fais le nécessaire pour qu’elle soit présente mardi de la semaine prochaine.
— Parfait, tu as bien fait de m’appeler. Salâm aleïkoum Kass’.
— Aleïkum salâm mon ami.
Le docteur se retourna vers Salimata devenue inquiète à présent. Oh ce n’était pas tant la visite à l’hôpital de Bamako qui l’inquiétait. Elle y était allée plusieurs fois avec le bus et la grande ville ne lui faisait pas peur, contrairement à ce que disait sa mère et ses grandes sœurs. L’annoncer à ses parents serait par contre une autre paire de manches et son père sera beaucoup plus difficile à convaincre que quiconque.
Le docteur lut ses inquiétudes dans son regard et prit les devants.
Je vais te raccompagner chez toi et expliquer tout cela à tes parents. Je leur dirai que c’est moi qui t’emmènera mardi prochain à Bamako, je ne te quitterai pas une seconde.
Salimata fut visiblement soulagée de cette annonce et sourit alors à nouveau au médecin.
Celui-ci lui répondit sans entrain. Il savait que ce qu’il avait entendu n’était pas bon. Même s’il avait raté sa spécialisation cardiaque, il lui restait quand même de très bonnes connaissances universitaires et son instinct –malheureusement– le trompait rarement.
Le mardi suivant, le Dr Kassoum Touré attendait fébrilement les résultats des examens et de l’auscultation de Salimata dans la salle d’attente des consultations en cardiologie à l’hôpital Mère-enfant Le Luxembourg dans le quartier Hamdallaye, près du Lycée Prospère Kamara.
Lorsqu’il vit arriver son ami le docteur Diarra, il lut rapidement le malaise sur son visage. Se sachant entre médecins et amis, il n’alla pas par quatre chemins.
— Tu as bien fait de m’amener la petite Salimata. C’est grave. Il s’arrêta un instant puis reprit. En fait, il n’y a pas qu’un seul dysfonctionnement mais deux, au niveau des valves. Comme tu le sais si tu te souviens des cours que nous avons travaillé ensemble, la valvulopathie est un dysfonctionnement des valves cardiaques qui perturbe l'écoulement sanguin intracardiaque. Et concernant cette enfant, il y a deux fuites sur deux valves différentes.
— Je m’en doutais dit presque pour lui-même le médecin de banlieue.
— Il faut faire des examens plus poussés pour savoir si on peut réparer les deux, s’il faut remplacer les valves ou bien une sur deux. Mais ce que je sais, c’est que l’intervention est obligatoire sinon la petite est condamnée à s’éteindre petit à petit au fur et à mesure de l’absence de circulation sanguine correcte.
— Tu peux la soigner ?
Le grand spécialiste malien ne répondit pas tout de suite. Il prit le temps de la réflexion.
— Sur un adulte, avec un seul problème, j’aurais pu essayer. Mais là…
— Là il y a deux problèmes.
— Oui, continua le spécialiste. Là, il y a deux problèmes, sur un tout petit cœur d’enfant et nous n’avons pas le matériel suffisant. Je ne prendrais pas le risque de l’opérer ici.
Kassoum pâlit d’un seul coup puis demanda à son ami.
— Cela signifie qu’elle est condamnée alors ? lui demanda-t-il presque résigné.
— Non lui répondit énergiquement Mohadou. Non, non, pas du tout. Ca veut dire que je vais l’inscrire sur le programme réservé aux enfants en attente. Compte-tenu de son état, elle va être inscrite en priorité.
— Qu’est-ce que c’est, lui demanda l’autre inquiet.
Le chirurgien lui expliqua alors.
— Chaque jour au Mali, des milliers d’enfants sont en attente d’une opération chirurgicale pour soigner leur cœur. Ces opérations sont beaucoup plus compliquées au Mali qu’en France où elles peuvent être prises en charge rapidement. Cela fait plusieurs années que nous avons réussi à nouer un partenariat avec différents chirurgiens, différents hôpitaux et différentes associations. Nous travaillons régulièrement avec eux et arrivons à sauver régulièrement des enfants, y compris ceux promis à un destin inéluctable.
— Et ça marche vraiment, questionna le médecin. Ce n’est pas seulement réservé aux européens qui veulent se donner bonne conscience demanda-t-il dans une phrase s’épargnant les sous-entendus.
— Non, non, rassure-toi, chaque année et ceci depuis plusieurs années, entre quinze et vingt enfants sont confiés à ces bénévoles qui se bougent vraiment pour les faire opérer en France. Tu verras, tout va bien se passer continua-t-il avec le ton rassurant qu’il employait régulièrement pour apaiser les doutes et les questionnements de ses patients. Par contre, tu dois venir avec moi dans mon bureau.
— Pourquoi donc, lui demanda Kassoum de nouveau inquiet.
— Je vais te donner par avance tous les papiers à remplir pour faire avancer les choses au plus vite. Le plus important, continua-t-il en prenant son ami par l’épaule et l’entrainant dans le couloir vers son bureau, c’est de faire la demande de passeport, obtenir l’autorisation de sortie du territoire par ses parents et surtout, surtout, la demande de visa pour la France. C’est le plus compliqué et probablement le plus long à obtenir.
Sur ces mots, Mohadou s’éloignait dans le couloir avec son ami en le tenant fermement par l’épaule, comme pour le soutenir, le guider vers les nouvelles épreuves administratives qui l’attendait.
Dans les semaines qui suivirent, les événements allèrent de manière proportionnellement inverse à l’état de santé de Salimata. Même si elle ne fut pas hospitalisée à l’hôpital Luxembourg pour des raisons de budget, elle fut cantonnée au repos chez elle. C’était une demande des médecins mais une nécessité vu son état. Il s’était aggravé très rapidement. Rien à part son extrême maigreur ne laissait transparaître ses difficultés. Mais dès qu’elle mettait le nez hors de la maison de ses parents, tout la fatiguait. Elle ne pouvait pas marcher dans la rue sans être essoufflée au bout de quelques mètres. Le sang n’irriguant plus correctement ses muscles, elle se trouvait à bout de force en quelques minutes et son corps n’arrivait plus à dégager suffisamment d’énergie. Elle en trouvait généralement juste assez pour revenir à son point de départ, sa chambre où une télévision avait été installée. En contrepartie, les démarches administratives se déroulèrent sans la moindre difficulté.
Aidé par certaines personnes de l’association rompues aux démarches administratives, le docteur Kassoum Touré n’eut pas vraiment de difficultés à convaincre les parents de Salimata de la confier à des inconnus, pour la transporter à des milliers de kilomètres de chez elle, pour lui faire subir une opération qu’il leur avait décrite comme dangereuse. Toutes les opérations sont dangereuses mais celle-là l’était encore plus. Il ne fallait pas perdre de vue la difficulté technique médicale de l’intervention et le docteur, avec l’aide et les conseils de son ami le chirurgien de Bamako, avait bien pris soin d’en informer le père et la mère de Salimata pour que leur accord soit pleinement éclairé et accordé en toute conscience.
Munis de toutes ces explications, ils le donnèrent rapidement, comprenant que de toute façon, il n’existait pas d’autres solutions pour Salimata si elle devait rester à Moribabougou.
Ils ne demandèrent qu’une chose. Que Salimata soit placée dans une famille d’accueil qui les appelle eux-mêmes. Et une deuxième chose aussi. Que la famille d’accueil ne mange pas de porc.
Salimata embarqua sur un vol régulier Bamako-Paris au début du mois de décembre muni d’une petite valise où elle avait empilé quelques pantalons trop fins et trop légers. Elle prit avec elle directement ce qu’elle avait de plus chaud, un tee-shirt en coton et un sweet-shirt sur lequel était dessinée une Afrique stylisée aux couleurs de la Jamaïque et où était écrit « AFRICA POWER ».
Elle rencontra sa famille d’accueil immédiatement en descendant de l’avion. C’était un couple de jeunes retraités, sensibilisés pour des raisons personnelles à la maladie infantile et à l’action concrète en faveur d’une population africaine trop facilement délaissée par “ manque de moyens ”. En faisant appel dans l’urgence à leurs amis, et aux amis de leurs amis, ils arrivèrent à lui trouver des vêtements chauds plus en accord avec la corpulence de la petite fille et la température du moment. Même s’ils avaient bien évidemment postulé pour être famille d’accueil d’un enfant dans cette situation, ils n’avaient été prévenus que trois jours avant son arrivée ce qui laissait peu de temps pour s’organiser.
Salimata se sentit bien très rapidement mais n’arrivait pas à parler pour autant. Elle communiqua difficilement les premiers temps, ne s’exprimant que par monosyllabes. Puis en deux ou trois jours, elle arriva à créer une complicité avec l’homme du couple. Tant est si bien qu’il l’emmena se promener, enfoncée dans trois tee-shirt, deux pulls, une doudoune trop grande pour elle, une écharpe, un bonnet et des gants de laine, au marché de Noël de la petite ville de la banlieue sud de Paris, en plein au milieu de la campagne, à deux pas de la forêt de Fontainebleau. A chaque connaissance de la famille d’accueil qu’ils rencontraient, c’était le même manège. Lorsqu’une question était posée à Salimata, elle marquait un temps d’arrêt, puis donnait maladroitement un coup de coude à l’homme auprès duquel elle se tenait en permanence, elle lui chuchotait à l’oreille et lui répétait à haute voix la réponse de la petite fille.
Malheureusement, cette balade au marché de Noël fut beaucoup plus éprouvante que prévu et il fallut rentrer rapidement à un moment donné. Salimata présentait des signes de fatigue beaucoup trop visibles et beaucoup trop dangereux.
Elle avait eu rendez-vous avec le chirurgien qui allait l’opérer, le lendemain de son arrivée en France. Il lui présenta froidement et objectivement la situation et les options entre lesquelles il allait devoir choisir au moment de l’intervention.
Elle était ressortie de cet entretien alourdie de dix fois son âge. Vieille dans sa tête plus que dans son corps qui ne la portait qu’avec difficulté. Préparée à la mort avant même d’avoir vécue.
Elle allait être opérée trois jours plus tard et la tension monta heure par heure y compris le soir de sa première nuit à l’hôpital, la veille de l’opération, lorsqu’elle parla à sa mère par téléphone.
Tout était tellement décalé, tellement différent. Comment expliquer le froid à quelqu’un qui ne l’a jamais connu ? Comment expliquer les nuages bas, la bruine permanente, l’humidité glaciale de décembre en banlieue parisienne près d’une forêt domaniale à des gens qui ne connaissent que le soleil brûlant et les pluies diluviennes d’orage tropicaux. Comment expliquer la prise en charge médicale dans un hôpital trop grand, trop chauffé ou trop climatisé dans certaines salles, avec du matériel trop étonnant, des plateaux repas trop bien emballés dans une multitude de sachets plastiques. Les gâteaux secs sont emballés, la compote est emballée, le fromage est emballé, le pain est emballé, les couverts sont emballés. Même le verre dans la salle de bain est emballé. Elle n’avait même pas osé l’enlever de son emballage plastique.
Salimata avait raccroché avec sa mère rapidement, ne trouvant rien à dire, ne pouvant pas expliquer. Elle lui dit qu’elle l’appellerait quand elle pourrait après l’opération puis raccrocha vite pour ne pas pleurer au téléphone sachant que ses frères et sœurs écoutaient probablement sur le haut-parleur du portable.
Salimata pensait surtout à sa grande sœur, Aïssata, avec qui elle était particulièrement complice et qui avait beaucoup pleuré à son départ à l’aéroport de Bamako.
Et puis, plus aucune nouvelle pendant quatre jours. Le premier jour, toute la famille avait attendu que le téléphone sonne. Mais il n’avait pas sonné.
Le deuxième jour, Aïssata regarda le téléphone portable plus précisément et se rendit compte que la batterie était défaillante. Ce ne fut que le quatrième jour qu’elle réussit à en récupérer une qui allait avec le téléphone en question.
Elle l’avait dans sa main. Elle la serrait fort pendant qu’elle courait à en perdre haleine dans les rues de Moribabougou pour arriver jusqu’à la maison de ses parents.
Elle poussa ses frères qui regardaient les nuages inexistants en baillant de désœuvrement, ce qui finalement les occupait plus qu’ils ne voulaient l’admettre. La petite Aïssata attrapa le téléphone rangé près des couverts, remplaça la batterie et essaya le téléphone. Il fonctionnait.
Il ne restait plus qu’à attendre qu’il sonne.
Aux environs de 18h30, la nuit commença à tomber. Il n’avait toujours pas sonné.
Lorsqu’à 19 heures il sonna, c’est Aïssata qui décrocha immédiatement, sans attendre quoi que ce soit.
C’était Salimata au bout du fil.
Elle lui dit rapidement que l’opération s’était bien déroulée, qu’elle s’était déjà relevée de son lit et qu’aujourd’hui, elle était même allée s’asseoir près de la fenêtre pour manger des gâteaux et boire un coca-cola. Elle continua en lui disant que demain, elle allait avoir le droit de voir d’autres enfants car c’était le jour de Noël, le 24 décembre.
Puis elle lui dit enfin que de sa chambre, avec la nuit qui était tombée, elle voyait les lumières de la ville au loin. Elle avait demandé, sa chambre donnait sur le sud, en direction du Mali.
Puis, après un silence, elle lui dit.
— Tu sais Aïssa’, je vois la neige tomber dehors. C’est beau. C’est bizarre, on dirait que ça tombe tout doucement. On m’a dit que c’était froid. On m’a dit que c’était comme la glace sur les bords du frigo dans le bac à glaçons. Mais j’ai du mal à y croire.
Puis elle demanda à parler à sa mère pour la rassurer et lui dire que tout allait bien après l’opération. Elle devrait sortir dans quelques jours. Apparemment, le chirurgien était content et avait confiance. Tout le monde avait retrouvé le sourire autour d’elle.
Elle raccrocha en ayant souhaité encore une fois au revoir à sa grande sœur Aïssata.
Ce soir là, une petite fille de onze ans, dans un hôpital parisien s’endormit en pensant à sa famille et en se disant qu’elle les reverrait bientôt. Et ce soir là, dans une maison d’une petite ville de la banlieue de Bamako, au Mali, sur les bords du fleuve Niger, une petite fille de quatorze ans s’endormit en rêvant que cette année, le soir de Noël, il allait neiger à Bamako.
Notes de fin :
« A ce jour, nous avons 1324 enfants qui attendent d’être évacués, mais, ils auront progressivement leur chance, en fonction de l’urgence de leur cas et des moyens de nos partenaires.
Il n’y a rien de plus beau que de voir ces enfants malades du cœur après leur retour de chirurgie, au pays, tous souriants, avec la chance d’avoir désormais une longue espérance de vie ».
Mme Diakité Diènèbou Touré, secrétaire chargée de l’évacuation.
http://maliactu.net/service-cardiologie-a-lhopital-mere-enfant-le-luxembourg-que-battent-les-coeurs-des-enfants-2/
C'est très beau. Le décalage, l'espoir, la Vie, Merci.
· Il y a presque 11 ans ·camati
Une fois de plus, tu n'as pas à me remercier de quoi que ce soit. C'est moi qui te remercie d'être passé dans le coin et d'avoir lu ma petite histoire de Noël.
· Il y a presque 11 ans ·wen
Je dis merci quand on prend du temps pour partager de bonnes choses! Avec plaisir.
· Il y a presque 11 ans ·camati
Je te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année !
· Il y a presque 11 ans ·reverrance
Tout pareil Rev'. Merci d'être passée dans le coin. A bientôt.
· Il y a presque 11 ans ·wen
Voilà c'est gagné Wen, j'ai les yeux bien mouillés. J'aime beaucoup comment tu nous fais rentrer dans l'histoire de cette petite fille, à travers sa soeur qui court avec cette baterie de téléphone. Tout est très réaliste et j'aime ce décalage qu'elle éprouve chez nous, quand tout est "trop"... C'est très bien dit. Un texte de qualité, un parti pris, un engagement, bcp d'émotion pour moi. C'est pas parce que c'est toi mais CDC mon wen et de gros bisous
· Il y a presque 11 ans ·blonde-thinking-on-sundays
C'est normal que tu aies les yeux mouillés, il pleut là où tu es n'est-ce pas ?
· Il y a presque 11 ans ·Merci the blonde, merci pour tout. Ta lecture fidèle, tes compliments, tes commentaires...
Bises mamz'elle et passe un bon réveillon de Noël.
wen
Un conte de l'urgence réelle de ces situations existantes. Merci pour cette histoire touchante qui met en relief la solidarité à cette époque de l'année.
· Il y a presque 11 ans ·Sylvie Loy
C'est surtout ça en effet l'élément fondamental de ces situations : l'urgence. La phase la plus difficile n'est pas l'opération, encore moins la convalescence mais bien avant tout le diagnostic et la prise en charge dans la "machine" administrativo-médicale.
· Il y a presque 11 ans ·"Machine" qui prouve cependant régulièrement son efficacité, ne l'oublions pas.
Merci de ton passage ici et du commentaire.
wen
Je m'explique. j'ai mis un CDC parce que pour moi ce texte, ça swing! il y a du pathos mais pas trop, des descriptions mais pas trop, pas de longues tirades à la balzac non merci, et surtout il y a des dialogues et des paragraphes et de l'action… bref un vrai 'Coup De Coeur' :-)
· Il y a presque 11 ans ·Frankie Perussault
Et j'aime ça !
· Il y a presque 11 ans ·En effet, je voulais faire un conte donc quelque chose d'émouvant mais je voulais faire sobre aussi, ne pas tomber dans le larmoyant.
Et oui, j'ai voulu qu'on sorte de la lecture avec l'envie d'écouter Amadou et Mariam et que l'air de Beaux Dimanche trotte dans la tête du lecteur pour la journée toute entière !
Si c'est réussi alors c'est pour mon plus grand plaisir.
Merci Frankieduberry.
wen
Oui, c'est réussi.Bravo. Cet esprit de Noël, faudrait pouvoir le garder toute l'année...
· Il y a presque 11 ans ·J'en profite pour glisser une petite info sur l'Inde, Jaïpur. Deux orphelinats et des parrainages possibles.
http://www.jksms.org/
Isabelle Leseigneur
Merci Belle-Isa. Je suis allé voir ton lien, j'y retournerai rapidement.
· Il y a presque 11 ans ·Pour le reste, merci à toi.
wen
un beau "conte" mais surtout un appel qui mérite d'être entendu ... pour que de nombreux autres "contes" puissent être écrits.
· Il y a presque 11 ans ·akhesa
Merci Akhesa.
· Il y a presque 11 ans ·Ce n'est pas fait pour ça car être bénévole pour ce genre d'action est un investissement très important mais si jamais ça peut déclencher des vocations chez certains qui ont du temps...
En tout cas, chaque cas est généralement une très belle histoire.
wen
Beau récit touchant. touchée..pour pleins de raisons.une fois de plus ta plume nous livre une très belle histoire inspirée du réel. Merci à toi pour ces lignes.et Joyeux Noël!
· Il y a presque 11 ans ·Sweety
Merci Sweety, merci pour tout. Et Joyeux No Hell à toi aussi.
· Il y a presque 11 ans ·wen
Effectivement un superbe conte ?? Cette fois-ci le coeur a fonctionné aussi du côté humain, merci
· Il y a presque 11 ans ·marielesmots
Exactement. c'est avoir du cœur pour ceux qui en souffrent !
· Il y a presque 11 ans ·Merci beaucoup pour le commentaire et la lecture. Au plaisir.
wen
Magnifique (bis) CDC
· Il y a presque 11 ans ·Frankie Perussault
magnifique cdc
· Il y a presque 11 ans ·christinej
Merci Christine, merci de ta lecture fidèle.
· Il y a presque 11 ans ·wen
Merci Wen pour ce récit !
· Il y a presque 11 ans ·poulpita
De rien, merci à toi de ta lecture et de ton commentaire.
· Il y a presque 11 ans ·Tout le plaisir est pour moi.
wen