ce n'est pas une heure !

minou-stex

Ce n’est pas une heure !

Trois heures du matin, la chaleur la réveille.

Elle se retourne sous la couette, maudite couette qu’elle repousse du pied, l’envoyant de l’autre côté du lit, sur son compagnon, endormi comme l’ours au cœur de l’hiver. Celui-ci émet un grognement mais trop heureux de sentir la douce chaleur l’envahir, recommence à ronronner, et rejoint aussitôt Morphée. 

Elle ferme les paupières très fort, si jamais ses yeux s’ouvrent, elle  sait que le sommeil la quittera définitivement, alors elle se concentre sur sa respiration, et essaie de ne pas solliciter son cerveau. Elle tourne, se retourne, et voilà la fraicheur de la nuit qui  lui chatouille à nouveau les mollets. Elle se tortille, essayant de récupérer un bout de la couette vagabonde.

Grognement :

-« T’as pas bientôt fini ? »

Ne pas répondre, elle sait qu’il se rendormira dans cinq secondes  … lui.

Voilà, c’est gagné, c’est fichu, impossible de rattraper le train en marche. C’est mauvais signe, dans quelques minutes, elle n’aura qu’une envie, aller caresser les touches de son clavier. Déjà, elle sent monter la tentation, ses paupières n’obéissent plus, ses yeux sont ouverts, les images affluent. Elle lutte, elle veut être forte, trois heures, ce n’est pas une heure !

Droite, gauche, dessus, dessous, la couette ne tient pas en place.

Grognement :

-« ça va pas non ? »

Voilà l’instant propice …

-« Eh ben non, justement ! C’est mon estomac … Je vais descendre, sinon, je vais t’empêcher de dormir ! »

Il ne comprend pas ce besoin d’écrire qu’elle éprouve en pleine nuit, pour lui, il y a un temps pour tout. Les douleurs l’empêchent souvent de rester allongée, elle s’en sert alors d’excuse. Il faut absolument classer ses idées avant qu’elles ne s’évanouissent.

La couette s’envole à nouveau au-dessus du lit, atterrit en douceur sur l’homme étendu, et reconnaissant envers cette adorable altruiste.

Excitée, elle va même jusqu’à lui déposer un baiser sur le front :

-«  Rendors-toi, ne t’inquiète pas ! »

Elle se lève, se love dans le jeté de lit moelleux déposé au pied du lit et ferme tout doucement la porte sur sa nuit.

Les escaliers craquent légèrement. La septième marche est la plus bruyante, c’est une vieille râleuse, mais elle sait comment la raisonner. Poser la pointe du pied gauche dans l’angle, contre le mur, et le tour est joué. Sauf que cette nuit, elle n’a pas compté et la vieille râleuse, dérangée elle aussi dans son sommeil, se met à couiner bruyamment.

Elle se fixe, oreille tendue en direction des chambres. Rien ne se passe. Dans un soupir excédé, elle poursuit la dégringolade de marches.

-«Manquerait plus que je réveille toute la maisonnée ! »

Au bas de l’escalier, elle sait qu’il faut aussi enjamber le chien, qui a élu domicile sur la première marche toutes les nuits. Un matin, elle l’a oublié et lui a marché dessus, il s’est mis à hurler, et de peur, elle est tombée à genoux, le nez contre la truffe humide.

Elle traverse les pièces sur la pointe des pieds, dans la pénombre, le réverbère planté devant l’entrée éclaire suffisamment pour qu’elle puisse éviter les obstacles. Elle appuie sur l’interrupteur du petit salon, une douce et rassurante lumière envahit la pièce.

Elle prend place devant l’écran, ses doigts sont impatients, et se mettent aussitôt à danser sur le clavier. Quelques heures rien que pour elle et l’histoire qui se met en place, elle rejoindra le nid douillet plus tard, quand sa faim sera apaisée.

Elle prendrait bien un café, mais non, ce n’est vraiment pas une heure …

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