Je pensais à vous
ysabelle
J'ai besoin du silence et des images. Les pages d'un livre qui se ferment.
Un regard qui se perd et puis, chercher le détail pour accrocher les mots.
Je suis fan de l'écriture, du geste, fan de ces tressaillements qui sortent du ventre et font vibrer la main.
En ce moment, au dehors, de l'autre côté de la vitre, le soleil abandonne l'horizon.
L'éclaircie de l'après-midi fait place à une obscurité nuageuse, à la nuit tout court.
Je profite de lambeaux de ciel clair, déchirures dans le coton d'ouate sale.
Je cherche, je gratte pour trouver.
Je décris avec mes mots, avec mes yeux et me demande quels seront vos yeux sur mes mots.
J'apprends à écrire en étant lue. C'est un sentiment nouveau pour moi.
J'adore les livres où les mots sont simples et se posent sur le coeur, les petites phrases qui sont une éternité,
une fissure dans le temps. Je voudrais transmettre le ressenti du corps, ses douleurs et ses frissons, sa chaleur.
J'aimerais de la retenue, de la pudeur mais une évocation du feu ardent, sous-jacent, immobile.
J'ai eu ce rêve, au matin d'une autre vie, d'écrire un roman. Je n'avais, alors, encore partagé aucun mot.
J'ai pris de la distance. Je me suis écartée de mes lignes et je me suis frottée aux autres jongleurs de lettres.
J'ai appris à être humble. Avec l'humilité, l'assurance aussi.
Paradoxe.
J'ai appris l'altérité, même le mot je n'en connaissais pas la définition.
Je me suis tue et j'ai ouvert les yeux et les oreilles bien grands.
J'ai laissé les paroles passer au travers de moi et déposer leur empreinte.
Je me suis arrêtée sur des gestes, des mouvements,
des façons d'apprivoiser l'espace que certains ont quelques fois.
J'ai fermé les paupières aussi. Souvent.
Pour sentir et toucher. Pour voir avec la peau et le nez.
Me droguer à la sensation.
La nuit est là. Les réverbères sont allumés.
Les fenêtres une à une s'éclairent, les rideaux parfois se closent.
Je ferme ici la parenthèse.
Je continue à apprendre et je pense que je ne saurai jamais et c'est tant mieux.
Mon livre restera sans doute dans mon stylo.
J'espère juste que quelques poèmes, glanés de ci de là,
pourront transmettre de temps en temps le fruit de mes émotions et qui sait...
en planter la graine en vous.
Merci!
Le jour où nous arrêterons de nous poser des questions n'est pas encore arrivé. Heureusement d'ailleurs. Des passages à vide quelques fois, la peur d'y rester et puis, un détail, une parole, un sourire et nous voilà repartis :-)
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
Je retrouve de moi dans cet écrit.
· Il y a presque 13 ans ·Mais honnêtement, en ce moment par rapport à tout ça, je me questionne...
genre questionnement existentiel. :-)
Christophe Dessaux
Merci à vous tous... vos encouragements et vos propres mots sont un moteur que je ne vais pas négliger! Votre empathie me va droit au coeur!
· Il y a presque 13 ans ·ysabelle
le silence et les images parlent tant aux yeux....peut-être des mots que seuls les pupilles peuvent entendre.
· Il y a presque 13 ans ·j'ai pris du retard sur les textes...et j'ai pris du retard sur les mots. J'ai pris du retard, mais je suis quand même à "leur" pour lire où c'est beau.
Merci Ysa...être Soi suffit bien à ses.
sally-helliot
Chère Ysa, que voici une belle introduction au désir d'écrire qui nous réunit, nous "jongleurs de lettres". J'aurais aimé être l'auteur de votre texte qui me parle et m'émeut. Je pense par exemple à "les mots sont simples et se posent sur le coeur".
· Il y a presque 13 ans ·Sachez que votre modestie cache (mais ne pourra cacher longtemps) un grand talent, Ysa.
valjean
naître rien d'autre que soie...
· Il y a presque 13 ans ·Jean Marc Frelier
Ysa, j'utilise souvent cette image: lepoète porte en lui un abcès qui par la souffrance uo le plaisir se vide et c'est dans cette encre que sa plume trouve les meilleurs vers, j'aime ce texte tout en pudeur et retenue
· Il y a presque 13 ans ·franek
L'arbre qui offrira sa bonne pâte à tes écrits pousse certainement quelque part.
· Il y a presque 13 ans ·yl5
"Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit
· Il y a presque 13 ans ·Car chaque solitude a son propre mystère". (Sully-Prudhomme)
Merci infiniment pour cette pensée.
Frédéric Clément
Quel bel état d'âme, sublimement évoqué en ces quelques lignes d'or.
· Il y a presque 13 ans ·Un conseil d'ami...Surtout n'arrête pas!
Gros CDC Miss Isa.
jb0
Le lâcher-prise pour que vos mots prennent leur envol et fassent leur nid au flots de pages, de pages... Et pourquoi pas un roman ________ !
· Il y a presque 13 ans ·desmots
Laisse le stylo couler!
· Il y a presque 13 ans ·Eric Descamps
S'il y a un lien entre le coeur et la main qui se couche sur la page blanche, vous l'avez trouvé Ysa. J'ai la sensation que les mots vous aiment autant que vous les aimez. Belle déclaration.
· Il y a presque 13 ans ·chevalduvent