La barre de béton bouffe tout l'horizon. Assis sur le banc, juste en bas, la capuche de son sweat rabattue sur la tête, il regarde cette putain de tour qui l'a vu grandir. L'extrémité de son joint devient incandescent par intervalles irréguliers. De temps à autre, il le retourne et souffle dessus pour activer la combustion (c'est un petit tic qu'il à depuis un bail). Il y a bien longtemps que les spliffs ne le font plus voyager, maintenant il en a juste besoin .
Il est tard, une partie de la bande est allée se pieuter, l'autre doit sans aucun doute s'appliquer à niquer la police quelque part...
Ce soir il n'a pas eu envie de suivre le mouvement. Ce soir, il ne sait pas vraiment pourquoi, il stagne sur ce banc. Il aimerait encore croire que l'existence lui réservera quelque chose de bien, quelque chose de différent, malgré tout ce gris qui lui colle aux basques (Ce genre d'idées saugrenues ne le traverse pas en temps normal). Il se racle la gorge et balance un crachat par terre (encore un tic qu'il a depuis un bail). Il donne une petite impulsion à son corps las et s'extirpe du banc. Comme rien n'arrivera plus à cette heure ci, il regagne son plumard, la démarche un peu pesante et les mains dans les poches.
Au neuvième étage, de l'autre côté de la tour, celui qu'il ne peut pas voir, un des petits carrés sur la façade vient de s'allumer. Dans sa cuisine, une femme est assise. Le tic-tac de la pendule lui rappelle que son grand n'est toujours pas rentré. Les nuits sans sommeil à l'attendre la peur au ventre, sont devenues son quotidien. Elle se souvient, quand il était petit, quand sur son vélo à roulettes il arpentait le petit chemin qui menait au terrain vague. Elle se souvient de ce petit corps si doux, si léger, ce petit corps qu'elle pouvait porter, câliner et surtout qu'elle savait protéger. C'était le temps où son mari l'aimait encore un peu, où il picolait raisonnablement, le temps où il était encore avec eux. Le visage enfouit dans ses mains, elle se sent complètement usée, son fils lui échappe depuis longtemps, sa vie aussi lui échappe... Tout s'est déglingué, elle ne se souvient pas vraiment depuis combien de temps. Ce qu'elle sait en revanche, c'est que plus jamais l'existence ne lui réservera quelque chose de bien, quelque chose de différent.
Cette nuit le désir d'en finir se fait encore plus violent. Cette nuit est devenue tout à coup insurmontable.
La porte de l'entrée s'est ouverte.
En voyant le regard de sa mère il comprend tout de suite. Alors, il fout sa pudeur tout au fond de sa poche et il la prend dans ses bras (un geste qu'il ne fait plus depuis un bail) .
Quelques larmes chaudes roulent dans son cou.
Cette nuit,'il est rentré juste à temps. Cette nuit, contre la face cachée de la tour, celle qu'on ne peut pas voir, reste un petit carré de lumière.
Bonjour, votre texte est formidable, merci beaucoup pour ce partage. Je suis le coordinateur d'un petit groupe d'artistes, nous écrivons des histoires, les interprétons et les illustrons. Si vous êtes d'accord, j'aimerais bien publier celui-ci sur notre site : dianecurtis.net, cela me permettrait de l'illustrer et de le faire lire par des comédiens. Qu'en pensez-vous ? Vous pouvez me contacter via l'adresse : postmaster@dianecurtis.net. D'avance merci !
Souvent, je trouve que le narratif de la cité est un peu rabaché, vain, et se limite aux confins de la cité, a ses limites. Ici, l'ambiance est posée de suite. Il n'y a pas besoin de dialogues, d'evenements particulierement marquants. Tout est créé en filigrane, et c'est d'une subtilité déconcertante. C'est un vrai renouveau pour l'Histoire de la cité qui raconte la vie quotidienne et ses problemes, mais qui fait bien plus: il y a une vraie intimité, une vraie humanité dans ce texte. Je pense que ce texte va rester avec moi toute la journée, il m'a vraiment bouleversé. BRAVO!
On la voit cette cuisine, on s'y voit. On partage l'horizon de la nuit avec cette femme qui pleure son petit devenu grand et sa vie enfuie. CDC pour ton texte, Marion.
J'aime bien ta façon d'écrire. L'idée de base risquerait de t'amener près du cliché, mais tu l'évites avec brio en privilégiant une sobriété d'écriture qui donne de la force à tes personnages. C'est clair, net, précis, j'adore !
C'est croqué juste, et humain, j'aime beaucoup. Même si je suis allergique aux parenthèses, bah là je trouve qu'elle s'insèrent pas mal et font leur petit effet. J'aime bien te lire sur du plus long, tiens.
La parallèle est malin et met en lumière l'autre forme du désespoir, celui dont on ne parle pas ou pas beaucoup : celui des mères qui se battent encore et encore et surtout contre elles-mêmes ! Un texte pas drôle mais juste.
Et ce n'est pas à "mon HLM" que ce texte me fait penser mais à une autre chanson de Renaud : "La chanson du loubard"
Je suis d'accord pour la chanson du loubard, je l'aime vraiment beaucoup.... Deuxième génération est pas mal non plus, elle est beaucoup moins adaptée a mon texte mais j'y est pensé aussi. merci pour tes comm toujours sympas .
Deux nouvelles sorties de ma cave: Drôles de têtes et Drôle de cuisine, histoire je l'espère de vous faire sourire. Essayez d'écrire un recueil de nouvelles ou un livre, vous avez une "plume" sensible et agréable à lire. Ce n'est pas du cirage,si c'est mauvais je ne lis pas jusqu'au bout croyez bien que je suis très exigeant en matière d'écriture. Laissez venir la vague, quand l'on cherche à écrire sans envie, le résultat est mauvais voir pire. Votre texte fait penser à la chanson: Mon HLM de Renaud. J'attends de vous lire . Cordialement. À bientôt. Freddy.
Merci pour les fautes impardonnables, en revanche j'ai cherché en ce qui concerne l'expression coller aux basques , cela s'écrit bien comme ça, les basques n'étant pas les basket comme on pourrait le croire mais des morceaux de tissus.
Oui c'est bien, un sujet triste de société... Fais attention Marion, il faut te relire... Il y a quelques fautes pluriel.... infinitif et (bye=bail?) Tu décris très bien une situation. Kiss
Bonjour, votre texte est formidable, merci beaucoup pour ce partage. Je suis le coordinateur d'un petit groupe d'artistes, nous écrivons des histoires, les interprétons et les illustrons. Si vous êtes d'accord, j'aimerais bien publier celui-ci sur notre site : dianecurtis.net, cela me permettrait de l'illustrer et de le faire lire par des comédiens. Qu'en pensez-vous ? Vous pouvez me contacter via l'adresse : postmaster@dianecurtis.net. D'avance merci !
· Il y a plus de 8 ans ·Lanval Monrouzeau
Merci, cela me touche beaucoup.
· Il y a plus de 8 ans ·Marion B
Une bonne claque ! celui là est incoryable
· Il y a plus de 10 ans ·henrimartial
Merci beaucoup.
· Il y a plus de 10 ans ·Marion B
Souvent, je trouve que le narratif de la cité est un peu rabaché, vain, et se limite aux confins de la cité, a ses limites. Ici, l'ambiance est posée de suite. Il n'y a pas besoin de dialogues, d'evenements particulierement marquants. Tout est créé en filigrane, et c'est d'une subtilité déconcertante. C'est un vrai renouveau pour l'Histoire de la cité qui raconte la vie quotidienne et ses problemes, mais qui fait bien plus: il y a une vraie intimité, une vraie humanité dans ce texte.
· Il y a presque 11 ans ·Je pense que ce texte va rester avec moi toute la journée, il m'a vraiment bouleversé. BRAVO!
jasy-santo
Un gros merci. Votre comm me fait du bien.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
On la voit cette cuisine, on s'y voit. On partage l'horizon de la nuit avec cette femme qui pleure son petit devenu grand et sa vie enfuie. CDC pour ton texte, Marion.
· Il y a presque 11 ans ·gameover
merci.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
J'aime bien entrer et sortir d'une histoire courte. Quelque soit le style, il faut un savoir faire de conteur pour permettre cela. Tu l'as.
· Il y a presque 11 ans ·Jeff Legrand (Djeff)
Merci beaucoup Jean François.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
J'aime bien ta façon d'écrire. L'idée de base risquerait de t'amener près du cliché, mais tu l'évites avec brio en privilégiant une sobriété d'écriture qui donne de la force à tes personnages. C'est clair, net, précis, j'adore !
· Il y a presque 11 ans ·Mylène Marle
Merci beaucoup Mylène.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
C'est croqué juste, et humain, j'aime beaucoup. Même si je suis allergique aux parenthèses, bah là je trouve qu'elle s'insèrent pas mal et font leur petit effet. J'aime bien te lire sur du plus long, tiens.
· Il y a presque 11 ans ·hel
Merci hel.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
boum marion le texte est très fort, très dur, nickel
· Il y a presque 11 ans ·Christophe Paris
Merci Christophe.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
La parallèle est malin et met en lumière l'autre forme du désespoir, celui dont on ne parle pas ou pas beaucoup : celui des mères qui se battent encore et encore et surtout contre elles-mêmes !
· Il y a presque 11 ans ·Un texte pas drôle mais juste.
Et ce n'est pas à "mon HLM" que ce texte me fait penser mais à une autre chanson de Renaud : "La chanson du loubard"
http://www.deezer.com/album/6774466
wen
Je suis d'accord pour la chanson du loubard, je l'aime vraiment beaucoup.... Deuxième génération est pas mal non plus, elle est beaucoup moins adaptée a mon texte mais j'y est pensé aussi. merci pour tes comm toujours sympas .
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
Beau texte avec une atmosphère justement ressentie et exprimée
· Il y a presque 11 ans ·reverrance
Merci.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
Deux nouvelles sorties de ma cave:
· Il y a presque 11 ans ·Drôles de têtes et Drôle de cuisine, histoire je l'espère de vous faire sourire.
Essayez d'écrire un recueil de nouvelles ou un livre, vous avez une "plume" sensible et agréable à lire.
Ce n'est pas du cirage,si c'est mauvais je ne lis pas jusqu'au bout croyez bien que je suis très exigeant en matière d'écriture.
Laissez venir la vague, quand l'on cherche à écrire sans envie, le résultat est mauvais voir pire.
Votre texte fait penser à la chanson: Mon HLM de Renaud.
J'attends de vous lire .
Cordialement.
À bientôt.
Freddy.
antoinerives
triste réalité que celle de certains...
· Il y a presque 11 ans ·(quelques petites coquilles relevées au passage...
un bye => un bail / basques => basks / son devenues => sont devenues...)
wic
Merci pour les fautes impardonnables, en revanche j'ai cherché en ce qui concerne l'expression coller aux basques , cela s'écrit bien comme ça, les basques n'étant pas les basket comme on pourrait le croire mais des morceaux de tissus.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
Oui c'est bien, un sujet triste de société... Fais attention Marion, il faut te relire... Il y a quelques fautes pluriel.... infinitif et (bye=bail?) Tu décris très bien une situation. Kiss
· Il y a presque 11 ans ·vividecateri
Merci.
· Il y a presque 11 ans ·Marion B
kiss!
· Il y a presque 11 ans ·vividecateri