La fille de mai.

C'était une fille mille feuilles

Qui disait tout et son contraire

Qui se terre ou qui s'effeuille

Avec l'art et la manière

Elle est la Soeur qui détonne

Prête à beaucoup et au pire

Fidèle ou même nonne

Elle ment comme elle respire

Une fille glacée qui s'ignore

Qui fait mine, qui fait croire

Qui connaît chacun des ressorts

Pour toujours tout avoir

Jouer du corps ou bien des mots

Rien ne l'effrayait à vrai dire

Même si lovée dans votre dos

C'est à lui qu'elle crie son désir

C'est une fille caméléon

Qui se moque bien de détruire

Tant que confort et libation

Resteront prêts à l'accueillir

Une fleur de joie qui n'en a pas

Au cœur vénal aux pleurs cadeaux

Sans plus de morale que de foi

Les belles promesses pour tout lasso

Elle ne veut plus mon corps, ni mon âme

Mais me voulait à sa merci

Je lui tendis mon cœur et mes larmes

Elle les balaya de mépris

C'est une de ses filles de lune

Aux regards et aux faces cachées

Aux multiples cycles diurnes

Au sein même d'une seule journée

Aux ombres telles, qu'elle apitoie

Pour le fantasme ou le délice

De pouvoir sentir sous ses doigts

Le pauvre objet de ses caprices

C'est une fille comme un poster

Qui sait poser, se faire passer

Pour la victime ou le mystère

Aux illusions, elle s'adonnait

Et quitte à jurer ses grands dieux

Tout y passait, depuis l'amour

A ces regrets bien impérieux

Des trop de nuits des tant de jours

C'était ainsi la fille de mai

Qui s'inventait un beau visage

Faisant du premier des paumés,

Cadavre exquis à ses adages

C'était ainsi la fille de mai

Qui s'inventait un personnage

Entre douceur et puis piété

A mille lieux de ses Carthage

Elle ne veut plus mon corps, ni mon âme

Mais me voulait à sa merci

Je lui tendis mon cœur et mes larmes

Elle les balaya de mépris