Le Jeu
interlude
(Extrait remanié pour une version courte et tiré des "Extra-Ordinaire")
Zoé est jolie, elle se trouve imparfaite mais elle a du charme et elle le sait, en use parfois pour l'effet que celà lui fait. Ce matin particulièrement. Elle sort de la douche dans son petit appartement sous le ciel . Il n'y a pas un bruit dans la maison, il est 10h, ce lundi de décembre, le soleil froid illumine la pièce et réchauffe ses pas nus sur le parquet au travers des baies sans rideaux. D'un geste sûr elle pare ses yeux de khôl, la malachite parfumée de girofle fait ressortir ses pupilles aux couleurs des mers déchainées. Elle enfile en s'appliquant ses dessous satin, sentant ses bas qui la caresse en remontant le long de sa jambe, puis reprend la même application en enfilant cette petit jupe droite qu'elle aime tant. Elle tente de discipliner sa chevelure sauvage quand son portable sonne.
C'est un SMS de Gabriel qu'elle doit voir aujourd'hui, elle espère qu'il n'est rien arrivé et que le rendez-vous n'est pas reporté.
- "Slt, je commence le jeu !
Ta mission; aller dans un sex-shop nue sous ton vêtement, acheter un plug au 69, le mettre, puis me rejoindre rue Simon le Franc CH13". Elle lit et relit le SMS pour bien le comprendre, et son coeur se met à battre, le jeu est commencé !
Des vagues de chaleurs caressent son ventre, elle serre les cuisses et les frotte l'une contre l'autre saisie déjà de fébrilité.
Elle sait où il l'emmène, ils sont passés devant il y a peu, elle se souvient son temps d'arrêt et ce sourire particulier qu'il a lorsqu'une étincelle de folie douce le saisit... Elle se souvient de l'objet qu'il avait si discrètement pourtant désigné d'un regard...
Prête, elle se lance sur les chemins de ce jeu de pistes aux saveurs d'adrénaline, partagée d'exitation et de crainte, son trajet défile vite entre rames et stations, ses pas rapides rythmant son transport.
Une fois arrivée à destination, elle se hâte de traverser l'ile de la Cité, ses pas résonnent sur l'asphalte glacé de cette journée d'hiver. Elle se dirige vers la rue des Lombards, elle sait que le numéro "69" se rapporte à un sex shop qui se trouve dans le secteur; endroit dans lequel pourtant elle n'a jamais osé entrer. Arrivée au coin de la rue Pernelle, dans un coin de porche elle retire discrètement sa pièce de satin et la glisse dans sa poche de manteau, elle sent ainsi cette texture sous ses doigts et continue de la serrer en poursuivant sa marche.
Bientôt elle voit la vitrine du sex-shop et y entre. Heureusement ce n'est pas le genre d'échoppe qu'on trouve vers Pigalle, bourrés de ces types aux regards de loups affamés.
Là bien au contraire on se sent comme chez soi, et même si la boutique est petite, l'accueil est agréable et discret. Le choix de Zoé se porte sur un petit plug à l'embout comme une rose de diamant. Celui la même qu'il avait vu, choisit. Une fois sortie de la boutique,elle se trouve confronté au problème de trouver un endroit où le poser.
Assez rapidement au gré de ses pas, elle trouve une petite boutique de fripes dans laquelle la cabine d'essayage offre une protection parfaite contre les regards importuns. Prétextant l'achat d'une adorable robe fendue qu'elle a attrappé, Zoé se précipite dans la cabine, remonte sa jupe sur sa taille et de ses doigts humides prépare l'acceuil de cet objet de douce torture. Puis, s'accroupissant elle commence à enfoncer le plug doucement...
Son petit espace s'habitue à cet objet qu'elle trouve déjà trop gros. Très vite, il est en place, heureusement car la vendeuse demande:
- "Elle vous va bien ? Ou vous voulez plus grand ?" A ces mots Zoé se met a rougir, se réajuste, sort de la cabine et rendant la robe, bredouille un "Désolée, pas cette fois mais je reviendrais !".
Reste à trouver la rue Simon le Franc qu'elle ne connait pas, mais connaissant Gabriel, ça ne doit pas être très loin, il ne lui ferait jamais parcourir trop grande distance parée de la sorte ... En effet, renseignements pris chez un fleuriste, la rue Simon le Franc est à deux pas. Elle passe devant Beaubourg et voit bientôt l'hôtel. CH13 c'est forcement la chambre 13, ça semble évident. Mais un peu gênée elle demande quand même au réceptionniste.
- "Oui mademoiselle, vous êtes attendue"...
Le coeur battant à tout rompre, La main sur la poignée, elle hésite... Puis s'arrête...
- " Me voilà devenue folle" se dit elle...
Appuyé contre le mur, la tête lui tourne, Gabriel est là derrière cette porte et l'attend, elle le sait mais ne sait où il veux l'emmener...
Reprenant son souffle et au delà de sa crainte, si curieuse de ce qu'il a imaginé, si désireuse de le retrouver, Zoé retrouve sa prestance.
Elle ouvre la porte de la chambre qui est plongée dans le noir complet.
Très vite elle sent ses fragences elle devine sa présence.
- "Gabriel ? Tu es là ? Gabriel...
Elle entend alors sa voix à son oreille alors qu'elle comprends qu'il referme la porte derrière elle.
- "Chuuuuut. Laisse-moi faire"...
Zoé sent alors ses mains chaudes sur son corps, qui font glisser rapidement sa jupe, qui descendent le long de ses jambes sans lui ôter ses bas légers, qui s'attarde un instant à ses chevilles et remontent.
Ses mains tenant ses bras, toujours dans son dos, il l'embrasse doucement sur l'épaule, elle ferme alors les yeux. Elle sent alors un bandeau de velours qui glisse le long de son dos, cette carresse lui arrache un frisson; qui touche ses cheveux, elle a confiance... Gabriel pose le bandeau sur ses yeux, il descend et enveloppe presque tout son visage... Le velours est imprégné de son odeur, elle est comme au coeur de lui, enveloppée, sa prisonnière.
Alors il lui attache les mains et passe la corde dans son dos, immobilisant ses bras juste sous ses seins.
- "Avance vers le lit et penche-toi en avant que je vois si tu es prête"...
Elle le sent la pousser dans le dos doucement mais fermement, fait quelques pas en avant et touche le bord du lit. Elle se penche en se mettant à genoux offrant ainsi contrainte, toute sa nudité impudique. Doucement il retire l'objet de sa préparation. De la pointe de la langue il parcourt le coeur d'elle même, insistant sur cette parcelle à soupirs qu'il sait faire chanter...
- "Alors Gabriel ? Elle est prête ou pas ?"
La voix inconnue la fait sursauter, ils ne sont pas seuls ?
Elle se raidit et se redresse alors, prête à bondir malgrés ses entraves.
- "Ne bouge pas princesse, n'ait pas peur, fait moi confiance."
L'inconnu se remet alors à parler, d'une voix un peu étouffée...
- "Gabriel, j'attends ! Vous savez que j'en ai d'autres à voir"
Zoé ne sait comment réagir, elle ne s'attendait pas à être offerte à un inconnu, et qui en plus la considère comme juste une fille parmi d'autres... Mais elle sait qu'elle doit obéir à son Cher, et puis, ne pas savoir qui est cet homme lui permet de lui donner corps à ses fantasmes...
Il s'en est souvenu, elle n'aurait jamais pensé qu'il suivrait cette voie, qu'il irait jusque la pour lui permettre d'assouvir ses folies.
Docile à nouveau, elle s'abandonne, cambre un peu plus les reins, se sachant ouverte, offerte, trempée, aux regards des deux hommes. Elle sent alors une queue dure et épaisse la remplir doucement, c'est une délicieuse sensation qu'elle a tellement attendue. Est-ce Gabriel, est-ce l'inconnu, elle n'arrive pas à le savoir trop troublée de ce qui l'entoure. Des mains fermes agrippent ses fesses alors qu'elle sent le membre aller et venir en elle. Elle se laisse emportée par la douce sensation, de temps en temps des claques sur ses fesses lui font serrer les dents. Ce doit être l'inconnu, il est plus violent que Gabriel.
Zoé perdant pieds, enfermée sous ce bandeau le sent en entier en elle et les mouvements de va et vient s'accélèrent, l'inconnu la tire vers lui en lui agrippant les cheveux, s'enfonçant avec force en elle, Zoé se mord la lèvre pour ne pas hurler tellement la sensation de plaisir la rend folle. L'homme soudain se retire et elle sent un liquide chaud sur ses fesses, elle bouge les reins pour le recueillir, se frotter encore à lui.
Après quelques instants, quelques minutes, elle ne sait; Une main défait le bandeau qui l'avait maintenu dans cet inconnu, rompant ainsi le silence ayant remplacé son tumulte. La lumière allumée, elle a un peu de mal à s'habituer, cligne des yeux, découvre la chambre tamisée. Elle ne voit que Gabriel à coté d'elle...
- "Mais ? Et l'homme ? Il est déjà parti ?"
Les yeux de Gabriel s'illuminent alors d'un sourire en sortant de sous l'oreiller un petit dictaphone.
- "Il n'y a jamais eu d'homme avec nous , c'était la voix de mon patron, enregistrée hier au boulot ! Comment pourrais je te partager..."
Et il remet en marche l'appareil :
"Gabriel, cette présentation Powerpoint alors ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?"
Voilà bien un trait commun Léo, aller provoquer chez le lecteur la réaction, n'importe laquelle même la plus inconfortable.
· Il y a presque 14 ans ·La corne jusqu'à la lie oui ! :)
interlude
Oui j'avoue que c'est pas facile de publier ce genre de texte...J'ai longuement hésité avec "La vie rêvée de Gustave" en me demandant comment ce serait perçu, quel serait la part qui me serait imputé sans faire le distingo entre le moi véritable et l'auteur, complètement dans la création...Et puis de peur de ne rester qu'avec ces questions, j'ai franchi le cap. J'aime le subversif, ne pas laisser le lecteur en total confort, j'aime provoquer un sentiment, bon ou mauvais...
· Il y a presque 14 ans ·leo
@Ristretto et Lapoisse et tous d'ailleurs, vous me faite vraiment très plaisir... Ceci m'encourage à poursuivre (et pour l'ensemble complet à garder ces parties) en sachant qu'il existe en ce domaine de narration une réelle prise de risque.
· Il y a presque 14 ans ·interlude
juste le bon dosage .. c'est savoureux
· Il y a presque 14 ans ·merci
ristretto
L'histoire est super mais c'est surtout l'écriture que j'adore, on pourrait en lire encore des pages et des pages sans s'en rendre compte. Merci Interlude.
· Il y a presque 14 ans ·lapoisse
@Manou, le délicieusement est joli à lire, merci à toi; quand au reste heu....! ;)
· Il y a presque 14 ans ·@Léo, mes dernières appréhensions à oser diffuser l'expression, la narration du profond hors façade qui relient des êtres viennent de s'envoler, Merci :)
@Gisèle, bien sur j'avais compris ! ;)
interlude
Vraiment très bien Interlude, c'est bien plus que du cul, c'est surtout un très beau texte sur la confiance faîte au partenaire et au respect "inébranlable" de celui-ci. Vive les jeux ! Bravo Interlude,
· Il y a presque 14 ans ·leo
merci interlude pour ton écrit délicieusement Ô sé quel joli phantasme ....dis moi je ne connais pas les plug ?
· Il y a presque 14 ans ·Manou Damaye
@Pointedenis, Merci d'oser poser ce premier commentaire, le domaine subversif... enclin je le vois à la lecture silencieuse & merci de m'indiquer toutes ces nuances de sensations, qui rassure le fond que je cherche à susciter pour chacun. :)
· Il y a presque 14 ans ·@Lézart, rire, tes onomatopées sont aussi très expressives !
@Gisèle, Mmm, il faut bien que le corps (et la tête) exulte comme disait je ne sais plus qui... ;)
interlude
A une année près, j'ai le droit de lire ! Bon... hum... bon, euh. Ha ha, oui oui oui. C'est disons... hum... expressif ! J'aime... Ha ha...ouf...
· Il y a presque 14 ans ·Lézard Des Dunes
Je suis passée par tous les sentiments en te lisant. Séduite, intriguée, choquée et...et... chuuut...je n'en dirai pas plus pour ne rien dévoiler au cas où le commentaire serait lu avant ton texte. Bravo!
· Il y a presque 14 ans ·pointedenis