Le pensionnat

arnaud-luphenz

Une chapelle. Comme le bleu du ciel. Tiraillée par ses vitraux ardents. Labourée par le temps. Par les pensées en friche. J’en ferai mon hiver. Je la couvrirai de mon froid. Des couleurs en partance. De mon désert éternel. Mon corps n’en a cure. Il se nourrit de frimas. Des neiges égarées. Et d’une petite voix nichée dans la voilure. Le don et la charité. Je vous les jette à la figure. Je vous les livre en pâture. Etre le plus riche du cimetière ne me suffit pas. Je sais où je vais. Le Trafalgar et le fracas. J’enjambe les débris d’hier… sans renoncer à la chose. A l’effroi. Féroce et amer. J’embrasse ceux qui ne sont pas.  Je joue à faire le roi. Je glisse à l’envers. A la rencontre de la lumière. Vous ne me croyez pas ? Je me relève et je danse dans les gravats. J’entends les pas des oiseaux de passage. Le phénomène des plus amènes. J’accompagne même la visite. Je suis là. Je suis là. Je susurre le miracle. Pour faire vibrer les chaises. Pour voir grandir les murs. Le chat et la roturière n’en reviennent pas. La jeunesse est passée sur moi. Comme une gouttière. Et l’on se remémore à la faveur des rêves, la cuisine et les plats… D’une vie plaquée sur un regret. D’une fille qu’on ne revoit pas. Les flashs couvent en contrebas. Les dos se retiennent pour ne baiser que les parois. Des lectures au fur et à mesure. Des rires étouffés qui se répondent. Des peinture en démesure. Comme lors de la prière. Le murmure des bocaux. En marche vers l’escalier. Celui que l’on broie. Celui que l’on noie. Descendons, visiteurs. Descendons et lorgnons ces pièces maîtresses, ces carreaux de reines, cette caresse sous les toits. Livrées au silence, cernées de tracas. Comme un suaire de travers. Un lit de terre. Diable, cela colle à l’univers. Aux frusques et doigts. Aux Croquemitaines blafards. J’en veux pour preuve les sorcières. Celles, orphelines de sortilèges. Qui souillent mes entraves. Qui se servent des croix et du noir. Les ecchymoses insolentes. Les lèvres crochues de vipères. Le sifflement bien en avant.  Le cœur en écharde. Rougi par les souvenirs et les fils de l’éther. Eclats de verre. Je suis l’ombre de la proie. Et toi ? Le mauvais pensionnat. Ne m’en veux pas.

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