Les cloches

Frédéric Cogno

Je vous laisse le bruit

Des moteurs endiablés,

Le stress et la furie

Des piétons du quartier.

 

Je vous laisse les cris

Des supporters zélés,

L'affreuse sonnerie

Du portable à côté.

 

Je vous laisse l'ennui

Des marteaux du chantier,

L'alarme de l'Audi

Que je viens d'effleurer.

 

Moi j'écoute les cloches,

Les cloches au vent léger,

Je rêve de bamboche,

Le soir avec les bergers;

 

Moi j'écoute les cloches,

Les yeux perdus dans le ciel,

Je n'entends plus Folcoche,

Mais les anges de Noël.

 

Je vous laisse l'enfer,

Le tumulte angoissant,

Le vacarme et le fer

Des usines à cran.

 

Je vous laisse vos nerfs,

Vos freins abrutissants,

Les insultes dans l'air,

Les ragots dégoûtants.

 

Je vous laisse l'envers

De ce tapage ambiant,

Les LOL, les MDR,

Les tubes du moment.

 

Moi j'écoute les cloches,

Les cloches au vent léger,

La fête qui approche,

L'arrivée d'un nouveau-né;

Moi j'écoute les cloches,

C'est l'heure où dans la forêt,

La nuit vide ses poches

Au voyageur égaré.

 

Moi j'écoute les cloches,

Et si j'entends le tocsin,

Le glas des doubles croches,

Je me ferai sacristain.

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