Les grains
lalice
Elle joue avec les grains de sucre sur la table et lui la regarde en silence. C’est un mauvais film qui s’est invité dans la vie vraie. Un de ces sales scénarios qu’on croise parfois au détour d’une rue, d’une année ou d’un visage.
Dans le café, assis là sans éclats de voix, ils s’observent sans vraiment s’écouter. Ou l’inverse. Après tout on s’en fout un peu, chacun derrière un mur. La confiance craque. Et il boit son thé.
Elle joue avec les grains de sucre sur la table.
Elle pense.
Ce que c’est con ces amourettes à deux balles, ces tortures sentimentales qui envahissent notre quotidien jusqu’à marteler notre crâne la nuit, quand sans sommeil on ne dort pas.
Un mauvais film ou un poème de Prévert « Il a mis le café / dans la tasse / Il a mis le lait / dans la tasse de café / Il a mis le sucre / dans le café au lait / Avec la petite cuillère / il a tourné / il a bu le café au lait / Et il a reposé la tasse / sans me parler »
Merci Jacques pour tes mots mais ça n’arrange pas mes histoires.
Sur le mur d’en face la peinture s’écaille. Il pèle, comme une orange. Le mur pèle comme une orange. Hum mauvais.
À côté, presque au coude à coude, des espagnoles découvrent Paris à travers un plan de métro. Les lignes se croisent et s’emmêlent sur le papier glacé. Elle aimerait glisser ses doigts dans les siens.
Mais non.
Il raconte ses déboires, pleure un peu et dit qu’il l’aime beaucoup.
Les grains de sucre glissent sous son doigt. Des traits, des courbes blanches sur la table marron.
Son visage à lui, si beau pourtant, ne l’intéresse plus. Trop occupée qu’elle est à dessiner un oiseau.
Et comme dans la vie non vraie ; il se décolle du bois lisse, frotte ses ailes l’une contre l’autre. Deux grains de sucres en tombent.
Et l’oiseau décolle.
L’oiseau c’est elle.
Elle sans plumes et sans bec, mais avec toutes ses illusions.
Elle qui décolle et s’envole comme le font les pages sous les doigts d’un lecteur impatient.
Elle et son/ses espoir/s, elle et son/ses cafard/s.
C’est toujours toujours toujours la même histoire.
j'aime beaucoup ce texte!
· Il y a plus de 13 ans ·saki
Ce serait une (belle) chanson si tu resserrais un peu le texte. J'aime beaucoup mais je crois qu'en enlevant quelques phrases et en recentrant ton sujet, ce serait vraiment une belle chanson. A+ ;)
· Il y a plus de 13 ans ·jones
Très joli et émouvante! Être si près et au même temps si loin de qqn.
· Il y a plus de 13 ans ·-m-
Les petits gestes du quotidiens , si révélateurs ! Belle observation et bel envol, un salut ailé sucré !
· Il y a plus de 13 ans ·theoreme
Belles aptitudes pour l'étude de cette lassitude, sournoise, qui prend ses quartiers sans faire de quartiers.
· Il y a plus de 13 ans ·Chris Toffans
Magnifique !!! J'adore !
· Il y a plus de 13 ans ·mls
Un beau texte, bien vu ce geste avec les grains de sucre... qui dit tant de choses sur l'ordinaire
· Il y a plus de 13 ans ·Edwige Devillebichot
Tellement fort! Un coup au coeur!
· Il y a plus de 13 ans ·meo
Très bien.
· Il y a plus de 13 ans ·yl5
si juste...
· Il y a plus de 13 ans ·caditcarno
Quelle description minutieuse du vrai craquellement du sentiment amoureux lorsqu'il se gâte à l'ennui...Merci
· Il y a plus de 13 ans ·mlpla
Boire la tasse, pour lire au fond.
· Il y a plus de 13 ans ·Marcel Alalof