Les mains d'une mère

Colette Bonnet Seigue



Tricoteuses de vie

A mailles douces,

Les mains maternelles

Emmaillotent le cœur

Au puits de leur secours.

Elles ont l'onguent d'amour

A peau de soie,

Pour grain marin,

Les noirs de haute mer.


Érodées de torrents,

De sueurs, d'abandons !

Mains aux nuits brèves,

Aux heures oubliées

Pour ravauder les cris

Des blessures d'oiseau

Dans le nid de l'enfance.


Ces mains-là,

Pétrissent le temps furtif

A ondes courtes,

Pour offrir le présent

Que l'on voudrait garder

Comme l'éternité.

Elles ont l'œil aux aguets

Pour caresser la joue,

Ou offrir leurs baisers,

Frôlement chrysalide,

Frissons énamourés.


Elles sont terre de feu

Béances ensoleillées

Au bout des bras,

Ouvertes,

Elles recueillent les larmes

Dans leurs paumes-océan

Et, leur voix de sirène

Entonnent un cantique

A sonate d'écorce

Et vibrations de paix.


Elles parlent de banquets

Aux rires- muscadet,

Aux danses des fourneaux

Derviche- tourneuses en rôts !

Servantes consacrées

A toutes les becquées

Pour elles oubliées.


Un soir, trop fatiguées,

D'un ciao à la vie,

Timides et effacées,

Elles disent encore merci

Et leur soie chimérique

Nous laissent orphelins.

Alors, d'un râle grêle,

Elles s'offrent en prière

A l'éden, éblouies.


Ô les mains d'une mère !

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