Les trois noyés

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Les trois noyés

 

C'est le nom d'un moulin posé au bord de la rivière. Les libellules ont envahi les berges, et la verdure en berceaux recouvre l'eau. Point de miroir, simplement des lentilles d'eau, à perte de vue. Quelques insectes que l'enfant regarde avec fascination.

L'eau fait tourner, encore maintenant, la vieille roue à aube en bois. Elle tourne dans le vide, la meule n'écrase plus le grain, et la pièce attenante est une pièce à vivre : cuisine, salle à manger, hall d'entrée. Les fermiers y entrent avec leurs bottes sur le sol de terre battue. Madame Martin prépare le café dans une vieille casserole, sur la cuisinière à bois. Il y a dans cette pièce l'odeur du café mélangé à celle de la boue. L'enfant n'aime pas cette pièce, à cause de l'odeur sans doute, et du gras, et de la poussière, sur les murs, sur les meubles. Il vient de la ville, et des appartements en formica. Alors, quand il va là bas, chez sa grand mère, Il préfère la barque posée sur l'eau. Des fois, son oncle l'emmène alors qu'il part nettoyer les berges, faucher l'herbe grasse du printemps. Pendant ce temps, il laisse sa main tremper dans l'eau, et racle les lentilles.

Quand personne ne conduit la barque, il doit rester sur les berges, mais pas trop près de l'eau, les grandes personnes disent que l'eau est dangereuse, qu'elle emporte dans la vase les petits enfants.

Plus loin, il y a les bottes de paille à escalader, là aussi, les grandes personnes ont peur.

Il y a aussi la grange, dont le toit s'écroule, et la grande échelle posée sur le mur.

Alors l'enfant regarde la roue tourner, indéfiniment et se laisse griser par le bruit de l'eau, presque assourdissant.

Plus tard, il reconnaîtra encore ce bruit, celui des torrents et des cascades, tous ces flots hypnotiques.....

 

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