"L'OISEAU EN CAGE"

Pascal Germanaud

L’OISEAU EN CAGE

Dans la soirée, seuls sur le zinc

Mon verre et mon tabac roulé

Me tenaient compagnie

Aux tables, ils étaient quatre ou cinq

A faire un poker embrumé

Mais j’étais sans amis

La radio chantait la poussière

Sur un vieux morceau de Tom Waits

La barmaid avait l’air sincère

Remuant son cul comme aux States

 

Ell’ devait penser comme moi

Qu’on serait bien, loin de chez soi

Même l’oiseau en cage

Rêve de marécages

 

Il était vingt-trois heur’s passé

Le patron essuyait les chopes

Le regard grimaçant

Je me plongeais sur du papier

Interdit d’allumer ma clope

Dans mon dos, un brelan

Je n’avais aucun train à prendre

En écrivant tout mon ennui

La barmaid semblait bien plus tendre

Que son daron… si c’était lui !

 

Ell’ devait penser comme moi

Qu’on serait bien, loin de chez soi

Même l’oiseau en cage

Rêve de marécages

 

Il devait être quarante-huit

A mon portabl’ toujours éteint

Quand j’ai repris ma dose

De whisky-glace avant la fuite

D’un songe où mon autre destin

Serait peut-être rose

J’avais empoché ma bafouille

La barmaid semblait me sourire

Pour savoir si j’avais des couilles

Etait-elle prête à courir ?

 

Ell’ devait penser comme moi

Qu’on serait bien, loin de chez soi

Même l’oiseau en cage

Rêve de marécages

 

Vînt minuit, pas une mouche

De peur de s’esquinter les ailes

N’osa s’époumoner

Faut dir’ que j’en tenais un’ couche

En dégainant mon opinel

Et hurlant : « Bonne Année ! »

Le patron a pleuré sa femme

La barmaid s’est sentie plus forte

Ell’ s’est planquée derrièr’ ma lame

Et nous avons passé la porte

 

Elle avait pensé comme moi

Qu’on serait bien, loin de chez soi

Même l’oiseau en cage

Rêve de marécages !

 

 

       Le 01/01/13.

                         Pascal GERMANAUD

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