Mon chat s'appelle Feelgood (1)

koumi

Grandeurs et décadences quotidiennes d’une mère de famille ex-journaliste étudiante en orthophonie trop vieille pour avoir droit au forfait Imagine R ça c’est vraiment scandaleux qui aime les faux ongles, les chats les chiens, Hawaï 5-0 surtout à cause du trop beau mec c’est pas vrai il est tombé du Ciel celui-là,  les romans, l’anglais, les chercheurs surtout les éthologues, les linguistes, les biblistes, les neurologues. 

Vous voyez pourquoi il s’appelle Feelgood, mon chat ? Sinon laissez tomber tout de suite ma chronique, c’est pas pour vous.

Je connais un autre chat qui s’appelle Slapète, parce qu’il se la pête. Je pense que vous voyez pourquoi aussi. Un gros persan blanc neige qui se prend pour Brad Pitt en majesté. Le problème c’est qu’au bout du compte tous les chats s’appellent Bouboule. « OH MAIS C’EST BOUBOULE QUI VIENT VOIR MAMAN MON BOUBOULE QUE J’AIME OUI OUI MAMAN TE DONNE A MANGER TOUT DE SUITE ».


Moi, Feelgood, au départ, je voulais l’appeler Talita. J’étais super fière de mon idée. Je suis sûre que vous voyez pas pourquoi. Je suis la seule au monde qui peut comprendre. Parce que je lis la Bible, moi. Non, je vous jure, je lis la Bible. Alors je vous fais une petite leçon de théologie, zinquiétez pas ça sera pas long : DANS LA BIBLE, plus exactement dans le Nouveau Testament (non, je peux pas vous dire quel Evangile quel verset, faut pas déconner, j’en suis pas là), à un moment, Jésus ressuscite une petite fille. Pas compliqué : il lui dit « Talita koumi », c’est-à-dire, en araméen « petite fille lève-toi ». Vous suivez : Talita, petite fille. Donc mon chat aurait dû s’appeler Talita. Parce que c’est une toute jeune femelle, OK ? J’écris pas : une chatte, franchement, ça me gênerait, on se connaît à peine vous et moi.

Depuis 2000 ans les plus grands esprit de la Terre se prennent la tête là-dessus : Damn it, pourquoi Jésus a-t-il dit "Talita koumi" en araméen alors que le reste du temps il parlait hébreu ? Et pourquoi les gars qui ont traduit le truc ont LAISSE CA en araméen alors que le reste de leur texte était en grec ???? Ya encore des savants, à l’école biblique de Jérusalem, qui consacrent une vie à rédiger une étude de 750 pages sur la question. Alors que la réponse est tellement évidente : Jésus se foutait de leur gueule, c’est clair. Ca lui est venu comme ça : « Ca c’est pour vous, bande d’exégètes, amusez-vous bien pour les siècles des siècles ».

Talita, donc, petite fille en araméen. Quand j’ai dit ça aux enfants ils m’ont regardée comme si j’avais fumé en cachette dans les chiottes. Comme le jour où je leur ai dit : « Quand j’ai commencé à bosser yavait pas internet, c’était une galère vous imaginez même pas, chaque fois qu’on voulait savoir un truc du genre ya combien de kangourous, en tout, en Australie, ou comment c’était, son ptit nom, à Molière, on en avait pour des plombes à trouver l’info. Yavait des gars qui allaient de porte en porte avec un semi-remorque pour vous fourguer un truc ça s’appelait des encyclopédies Universalis, genre 25 tomes, 3 tonnes, « mais si mais si vous avez la place dans le salon ».

Les enfants, ils ont appelé le SAMU. Ils se sont dit cette fois, la reum, elle nous fait un very bad trip, elle a dû trouver du crak à deux balles Place Clichy, c’est encore un de ses délires : « alors là je viens d’économiser au moins 180 euros sur la dope, ça m’fait un enveloppement à la boue de la Mer Morte et une pause de faux ongles ».

Deux jours après son glorieux baptême, Talita était devenue Bouboule. Alors j'ai essayé Feelgood. Mais c'est Bouboule qui lui est resté, à Talita-Feelgood.

A oui les faux ongles, faut que je vous dise parce que ça j’ai toujours pas avalé. Ca faisait 42 ans que je me bouffais les ongles. Un jour j’ai vu en cours de psychiatrie que ça s’appelle l’onyglophagie, un truc comme ça. Dans les classifications internationales on a rangé ça dans la catégorie des automutilations. Ca m’a fait flipper grave, quand même, Bon Dieu, automutilation, merde c’est pas possible. J’ai cherché une solution et j’ai découvert les faux ongles. Les vrais, hein, ceux qu’on vous pose en institut de beauté (comment ça se passe je vous en parlerai un autre jour, de l’or en barre pour un ethnologue), pas ceux à 10 euros qu’on achète chez Auchan et qu’on se colle soi-même à la maison avec de la super glue et ensuite on a l’air d’un trav.

Alors je me fais poser mes premiers faux-ongles, et là, chez Perfect Beauty (20 avenue du Mellil à Vatenne, 01 45 54 23 23. La nana m’a dit que si je lui trouve des nouveaux clients elle me ferait des réduc, surtout dites-lui que vous venez de ma part), je découvre les vernis à ongle. Un choc. Ca m’a fait comme avec les huiles essentielles l’année dernière : j’en ai acheté vingt flacons d’un coup. Le plus beau, c’est clair, c’était le bleu nuit à paillettes. Mais bon, passé quarante ans, ya que Julia Roberts qui peut se permettre un truc comme ça (je vous jure elle a 45 ans, zavez qu’à regarder sur Wikipédia, un an de plus que moi, et ça c’est quelque chose qui compte pour mon équilibre mental). En même temps, si je le fais pas maintenant, c’est pas à 50 ans que je vais m’y mettre, faut pas croire, j’ai toute ma tête.

C’est parti. Bleu nuit à paillettes. Avec les ongles qui tuent, au moins un centimètre, et en amande, un truc de ouf. J’avais pas fait rajouter les trop jolies petites étoiles dorées que la nana avait essayé de me vendre, mais enfin déjà comme ça c’était délire. Ensuite dans la voiture je regardais mes mains sur le volant je me disais c’est pas vrai c’est pas les miennes.  Je suis plus onyglophage je suis psychotique. Et ça m’a coûté 65 euros.

Quand je suis arrivée à la maison j’ai dû affronter ma fille super furieuse parce qu’avec tout ça j’avais oublié d’aller la chercher à l’école. Elle me l’a joué maman cette fois je vais à la DDASS voir ce qu’ils peuvent faire pour moi, j’en peux plus. Avec les larmes et tout. Et boum elle repère mes ongles. Le truc de hoqueter ça lui a passé net. Et vous savez ce qu’elle m’a sorti ? « Maman t’es trop vieille pour être gothique ! ». « Swallow it », ils disent, les Américains (avale ça). Mais alors là j’ai la déglutition en vrac.

Bon j’arrête là j’en ai marre. Ecrire une chronique je suis sûre que ça va me plaire mais c’est sijveuxquandjveux. Même pas en rêve je vais ajouter ça à ma hell list (appeler l’orthodondiste pour Aviva, acheter des cahiers grands carreaux format 23,4/32 spirales avec Megan Fox en couv pour Mathieu, URGENT obtenir de JF qu’il appelle la paie pour la prime qu’est pas tombée, apprendre le 12eme cours sur les implants cochléaires du Dr.Machin) 

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