Monsieur

Susanne Derève

 
Monsieur savez-vous que la prose
Que sur ces pages je dépose
Est née d'un hasard ce matin
En effeuillant le romarin
 
Sur une volaille de Bresse
Que j'ai vidée comme à confesse
Engrossée d'ail et de thym
En rêvant d'un alexandrin
 
Et que ce soir dans ma cuisine
Me sont venues ces quelques rimes
En bardant un rôti de porc
Et puis ce fut un oxymore
 
Cette innocente Pénélope
Devenue icône interlope
(car je fais et défais mes vers
En épluchant les pommes de terre)
 
Monsieur qui lorgnez mon corsage
Je vous confie le repassage
Car il me vient tout un sonnet
En mettant le linge à sécher
 
Je vous passerai le plumeau
Le temps d'aligner quelques mots
D'y glisser une métaphore                                        
Je conçois bien quelque remords
 
De vous voir ainsi au fourneau
A la lessive et aux carreaux
Mais ainsi va la poésie
Et je vous rejoindrai au lit
 
Le coeur léger sous vos caresses
Je vous dirai que rien ne presse
Car cette soirée libertine
Vaut bien qu'on fasse une comptine
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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