On ne nous dit Badoo...

arthur-roubignolle

On ne nous dit Badoo...


En s'inscrivant sur le site de rencontres : « On ne nous dit Badoo ! ». Laurence ne s'attendait pas à recevoir tous ces innombrables messages qu'elle reçut à peine son profil déposé sur le site. D'autant plus que son profil était le suivant : « Je cherche un homme tendre, attentionné, doux, gentil, je suis peut-être encore naïve mais je crois encore à l'amour... »

Laurence avait beaucoup souffert d'une séparation doublée d'une trahison...


Le premier message qu'elle lut fut celui-ci : « Bonjour, j'adore vos nichons, est-ce que vous pourriez me les montrer en cam ?


Le suivant était : « Bonjour, j'ai 75 ans, encore vif malgré mon age (je fais beaucoup plus jeune). Sportif malgré mon handicap (deux jambes en moins). Toujours vif d'esprit (malgré un début d'Alzheimer). Un brin coquin (malgré quelques difficultés d'érection).Je cherche une femme pour être aux petits soins avec elle »


Le troisième message était le suivant : « Mon pote et moi on aimerait bien te niquer, t'as l'air d'être une grosse salope ! »


Le quatrième, bien que plus raffiné n'était guère plus avenant : «  Bonjour madame, j'ai 52 ans, je vis seul chez ma mère. Je lui ai fait part de mon désir de vous rencontrer et elle m'a donné l'autorisation de vous envoyer ce message. Ma mère désirerait vous connaître, savoir surtout de quel milieu vous êtes. Donc, si vous êtes catholique et fille de militaires, ce serait un plus pour elle. Si vous plaisez à ma mère nous pourrions nous rencontrer (en tout bien tout honneur naturellement) »

PS : du moins au début car en fait je je.... excusez-moi j'allais dire quelque chose de vulgaire... »


Le cinquième était sibyllin : « Je te donne rendez-vous Porte de Clichy, là ou il y a plein de dames qui se baladent sur le trottoir. Tu te mettras au milieu d'elles. Méfie-toi de Jojo les rouflaquettes, c'est un mauvais. Moi c'est Julot l'Embrouille, on fera connaissance tranquillement. Pour me reconnaître, c'est facile, je serai dans la BMW noire garée à l'angle... »


Le sixième était rédigé ainsi : «  J'adore votre profil, moi aussi je cherche l'amour, le vrai, le grand. J'y crois encore malgré les douze séparations dont j'ai été victime. Pourquoi me quittent t-elles toutes ? Je suis pourtant gentil avec elles, et d'ailleurs si elles étaient toujours vivantes elles vous l'auraient confirmé. Il n'y a pas plus doux que moi, sauf quand on m'énerve parce qu'on ne m'obéit pas... »


Laurence, au fur et à mesure de la lecture des messages commençait à avoir des sueurs froides...

Elle ouvrit le septième message : « Bonjour, je suis éleveur dans la Drôme. Je suis seul à la ferme, à m'occuper de 150 vaches, 200 moutons, cinquante chèvres, trente poules, vingt deux lapins, quarante porcs, quatre chevaux. J'ai aussi 80 hectares de terres à labourer et dix hectares de bois et ma grand-mère. Ma femme est décédée il y a de cela deux ans. La pauvre, c'était pas une feignante, elle est morte à la tâche, dans un champ, derrière la charrue... Moi c'est simple, je vous offre tout si vous venez me seconder à la ferme, enfin, attention, quand je dis tout, faut voir ensemble... Car comme dit un proverbe de chez nous : « C'est en voyant la bête qu'on en fixe le prix ! »


Le huitième message était illisible, visiblement écrit  par un homme porté sur la boisson : « Bb bbonjour ma co, ma cocotte, co co comment qu'ça va, j'peux passer boire un coup chez toi ce soir ? »


Le neuvième était une proposition d'un club libertin : « Bonjour, nous cherchons des hôtesses pour animer nos soirées pour célibataires du vendredi soir. Ci-joint un questionnaire sur ce que vous accepter ou pas en matière de rapports sexuels. »


Dégoûtée, Laurence quitta le site « On ne nous dit Badoo ».

Elle prit un Lexomil et alla se coucher en rêvant du prince charmant...

Mais pas longtemps...

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