Oubli

Susanne Derève

Cendres légères
rêveries désarmées                                                                           
mémoire.
 
Cendres du passé
de l'innocence aveugle.
Richesses
vous ai-je crues dans un autre autrefois
solaires     
inépuisables
et de vie à trépas
vous voilà à mains  nues
tristement balayées         
effacées                                                        
                                                                        abolies
                                                                      
Sel blanc sel entre les doigts flutés
sable sec des larmes inutiles.
 
Spoliés  
dépossédés nous sommes
des ivresses de l'amour
des tendresses égarées de l'âme                                                                       
enfouies dans ces images monochromes
du souvenir
liquéfiées                                                      
                                                                       dissoutes.                                                         
                               
Nuits du sommeil intolérable
nuits d'insomnie
où le vertige                                                                                                
de ce que nous avons vécu             
ce que nous avons laissé échapper
                                                                        s'enfuir
 
ce que nous avons cédé à l'oubli
pamoison inutile  vaine
nous laisse agonisant
de l'irréparable douleur de la perte.
 
Comme le noyé sur la grève
échoué à la frange des vagues
entre deux eaux
entre deux mondes
entre veille et sommeil.
 
Que l'emportent que nous emportent les voiles
du passé
s'il faut finir
alors n'attendons plus                                    
                                                                        vivons



Tableau  : Le rêve, de Marc Chagall

  • Est-ce cet autrefois
    dont tu as gardé dans tes rêveries
    cette mélancolie ?
    Je te crois,
    mais si, coulent des larmes amères
    est-ce dû aux années
    qui se sont écoulées
    comme quand se retire la mer
    ( on le croit, pour toujours … ) .

    Tes images monochromes
    ont elles les couleurs de l'automne ,
    et l'amour
    peut-il se ranger
    dans les étagères
    recouvertes de poussière
    ou les vitrines d'un musée ?

    Ce que tu as vécu
    s'est échappé .
    Tu ne pourras jamais le rattraper ,
    le cœur est à cru :
    --- tu possédais ces îles,
    ces archipels ,
    maintenant les déserts de sel,
    et les mains inutiles.

    Si tu te sens délaissée par le soleil,
    entre deux mondes, entre deux eaux ,
    ou survivant par défaut
    entre veille et sommeil...
    l'important est de vivre :
    le passé s'est enfui :
    ne cours pas après lui .

    Ouvre un autre livre
    pour que l'âme sourie aux matins
    ouverts sur les lendemains
    où je pourrais te suivre .
    Laisse toi porter par les flots,
    la mer est revenue, avec d'autres horizons :
    le cœur a ses raisons
    obéit à des idéaux
    qu'on ne peut traduire,
    avec des mots
    et le fait même de prendre un stylo
    ne pourrait que le trahir.
    -
    R

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Des images sublimes, profondes et déchirantes distillées avec grâce et une apparente simplicité. Vous nous rappelez que c'est face à la mort que le désir de vivre pleinement se révèle. Faut-il attendre que le feu du ciel s’éteigne pour regretter les étoiles ? Faut il attendre le crépuscule pour désirer l'aube ? Vivons comme l'ouragan éphémère s'arrache à la terre... Je veux aimer, croire, brûler jusqu'à la dernière heure pour ceux qui naissent, pour ceux qui restent, pour les arbres et pour les chiens.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Une passion qu'il faut cultiver, entretenir, ne jamais laisser faiblir ...

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • L'illustration n'est pas anodine, il me semble, et le texte aurait pu s'appeler "Le Rêve". Mais c'est bien de ne pas savoir, comme on ne sait pas si Chagall nous a donné un âne ou un lapin.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • l'exposition Chagall que nous avons eu la chance d'avoir à Landerneau (merci Michel Edouard Leclerc !) a été pour moi une révélation. Je connaissais bien sûr quelques tableaux. Mais de les voir rassemblés est autre chose, on découvre un monde, et puis c'était aussi un poète.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • Même choc coloré à Beaubourg... il y a presque ...ante ans !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo 1 orig

      Alain Balussou

  • Très musical, très beau !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    11040624 10206811397420085 8011929594527488562 n

    joss-cat

  • " il nous faut arracher la joie aux jours qui filent"
    Vladimir Maïakovski

    · Il y a presque 7 ans ·
    Img 20210803 205753

    enzogrimaldi7

  • Parfois un texte vibre comme les hommes et les femmes depuis des millénaires. Belle mise en page.

    · Il y a presque 7 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • confuse de répondre aussi tardivement à un si joli commentaire (parfois la vie nous emporte loin de WLW)
      merci :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • Magnifique, les mots, le rythme, qui se retrouvent dans la mise en page. Merci de nous faire partager cela

    · Il y a presque 7 ans ·
    Avatar

    nyckie-alause

    • merci beaucoup pour cette lecture et confuse de répondre aussi tard (un peu délaissé WLW ces derniers jours) :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      Susanne Derève

  • tres beau texte. Poignant

    · Il y a presque 7 ans ·
    Tete alpaga

    campaspe

    • si les mots nous ont permis de partager quelque chose, c'est bien :)

      · Il y a presque 7 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • j'aime :-) !!!

    · Il y a presque 7 ans ·
    Img

    Patrick Gonzalez

  • Vertigineux en effet

    · Il y a presque 7 ans ·
    Capture d'e%cc%81cran 2019 01 05 18.40.31

    Marcus Volk

    • irrémédiable :)

      · Il y a presque 7 ans ·
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      Susanne Derève

    • J'aime particulièrement ce passage :

      Spoliés
      dépossédés nous sommes
      des ivresses de l'amour
      des tendresses égarées de l'âme
      enfouies dans ces images monochromes
      du souvenir
      liquéfiées

      · Il y a presque 7 ans ·
      Capture d'e%cc%81cran 2019 01 05 18.40.31

      Marcus Volk

    • Merci .
      Le déchirement n'est pas de vieillir mais de ceux que l'on a perdus

      · Il y a presque 7 ans ·
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      Susanne Derève

    • Tout à fait

      · Il y a presque 7 ans ·
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      Marcus Volk

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