Putain, c'est moi le prince charmant

dyonisos

Souvent, je pense à elle et à lui aussi. Elle, j'aimerais la serrer fort contre moi, lui, j'aimerais serrer fort son cou. La nuit, surtout. L'été aussi. Ah oui! Et l'hiver aussi. Souvent, trop souvent, je pense à elle. Je crois qu'elle m'aime encore, moi, c'est sûr je suis toujours amoureux. Je l'aime mal et sûrement pas pour les "bonnes raisons". Je l'aime parce qu'elle n'est pas là. Je l'aime comme une image, comme une belle peinture plutôt. Je ne la désire plus. J'y suis, je l'aime comme j'aimerais ma mère si elle m'avait abandonné. Le temps passe: "tu verras, tu l'oublieras avec le temps". Elle est pourtant toujours dans ma tête. J'aime bien me faire du mal peut-être, évaluer les possibles, vivre dans les souvenirs, regarder les vieilles photos. Ce soir, je l'insulterais bien cette conne. Elle ne sait pas ce qu'elle perd cette conne. Elle a toujours aimé l'argent cette conne. Putain, le prince charmant c'était moi. Trop idiote pour le voir. Elle est envahissante en plus, son image est persistante. Je crois que je l'aime encore. Ou j'aime peut-être l'image que je m'en fais. J'aime tout d'elle. Ou j'aime tout ce que je veux bien voir. Il faut dire que tout était prêt. La date du sacrement, les prénoms des gosses, la race du clébard et même la taille du diamant. Je vous ai dit: elle a toujours aimé l'argent cette conne. Tout était prêt. L'amour se casse quand tout est prêt. Et bizarrement, il revient quand on a tout cassé. Ne rien lâcher, ne plus y penser. C'était une conne de toute façon. Mais souvent je pense à elle. Et à lui aussi. Un idiot. Et une idiote. J'aimerais bien lui en mettre une quand même. A lui, pas à elle. Vous le verriez. Un grand benêt. L'oeil vide et imbécile. Je crois même qu'il met des marcel. Ca me dégoûte: il la souille. J'aimerais serrer fort son cou. Je le connais pas mais je suis sûr que je le reconnaitrais.
Je compte, ça fait deux ans qu'elle s'est cassé, je préfère dire qu'on s'est séparé. Pour les amis, pour mes parents, c'est beaucoup plus facile. On s'est séparé, plutôt que "elle m'a largué cette pute". J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi. C'est amusant comme le temps guérit rien finalement, il suffit juste de mettre un peu de gros sel sur une vieille cicatrice, et elle s'ouvre encore. Pourquoi on s'est séparé? J'y suis, "j'ai besoin de quelqu'un qui soit plus dur avec moi, qui ne me cède rien et que je n'écrase pas". Je crois que je lui ai répondu "alors, sors avec ton père". Elle a mal pris. J'avais pas non plus aimé le reste. Maintenant, je sais. Elle voulait un connard. Le prince charmant, c'est tellement démodé. Le prince charmant, c'est le con qui envoie des fleurs, qui invite au resto, et qui la respecte. Le prince charmant, c'est le con qui te baise avec amour et qui te respecte. Elle, elle préfère qu'on la prenne en lui tirant les cheveux et en l'insultant de pute à chaque coup de rein.
J'ai pris mon putain de cheval blanc, et je me suis cassé (ou plutôt elle m'a largué mais c'est mieux de dire que je suis parti finalement). Comme un con, je l'aime encore. Elle et les autres aussi. 

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