R.I.P ON THE WILD SIDE !

Bourges, printemps 1996.

Autre siècle. Autre millénaire. Et une autre vie également.

Ça avait débuté de façon inattendue par la découverte de 3 furieux toulousains baptisés Fly and the Tox. Avant qu'au bout de 2 nuits successives, CoCo Robicheaux (†.2011) et Elliott Murphy ne transforment des rencontres inattendues en véritables coups de cœur.

La deuxième partie de ce séjour berrichon avait été aussi éclectiques que la première: le scintillant Lokua Kanza en vocaliste sans frontières avait précédé un Lucky Peterson d'anthologie, mi-bluseman, mi-bête de scène américaine façon James Brown version Rocky Balboa (living in améééérikkkaaaaaa!!!)

Mais la cerise sur le gâteau de ces 5 jours fut le rendez-vous fixé de longue date par Lou Reed au palais des sports, la salle des exploits européens des basketteuses du coin (à l'époque ;-).

Et je me souviens que ce soir là, les premiers mots de la légende new-yorkaise avaient été de demander au public de s'abstenir de fumer. Sérieusement. Maux de gorges ou mal de tête, que sais-je comme excuse foireuse de la part de ce vieux rocker en ballade transatlantique qu'il était devenu.

Et là, je marque une petite pause pour vous laisser le soin d'imaginer la scène...

Voui, en 1996. Au Printemps. A Bourges. Avec la faune habituelle des festivals. Bien avant les resserrages de boulons successifs de la première loi Evin. Un vrai bordel quoi !

Et bien sûr, personne n'a cessé de cloper. Au contraire. Je me souviens que certains tapaient même des cigarettes aux fumeurs, juste pour faire la nique au petit homme à la guitare marron planté là-bas au milieu de la scène.

Cris, sifflement et brouhaha sans fin. De longues minutes. Ronds de fumée dans les gradins contre riffs non plaqués côté planches. Lumières éteintes puis rallumées. Plusieurs fois. Et dans ma travée de spectateur halluciné par ce spectacle sans musique, j'imaginais les organisateurs interpellant les attachés de presse en tout genre, là-bas derrière les immenses tentures noires... Un vrai bordel. Et un bordel dur, de ceux qui trainent et persistent, pas quelques instants par ci-par là, non bien de ceux où les minutes en paraissent nettement plus.

Mais comme tout fini toujours par se terminer, la vie comme les conneries, le show suspendu avait fini par démarrer. 

Et Lou avait concerté.

Tête rentrée dans les épaules, regard sombre en réponse aux applaudissements des aficionados du premier rang. Un vraie tête de cochon mais qui était restée pro jusqu'au bout des accords.

Et on en avait pris une bonne tranche. Une sacrée tranche même.

So, thanks a lot for coming, playing and making us dreaming with your voice and your words, Lou...

...and R.I.P on the wild side