un brin d'h ...

odkali

précision : cette femme c'est moi.
Je n’étais plus assise sur mon fauteuil vert aussi âgé que moi, quand aucun homme ne vint frapper à ma porte. Alors, je claquai cette porte violemment et pris ma voiture pour foncer vers ma liberté de ne plus attendre.
Je me suis avancée vers cette colline, vêtue d’une longue nuisette bleue ciel quand il fait beau, et il faisait beau. Mon corps espérait rejoindre la sérénité, et mon esprit avec. J’insinue : ne plus penser aux hommes. Ma colline est perchée dans un parc de Paris. J’ai gravi les escaliers avec l’élégance d’une femme en nuitée, en pleine journée. Quelques pavés à traverser avant l’herbe, le retour à la terre. Mais à quelques pas de moi, un homme en tailleur, je veux dire en position, observant au loin je pense, les grands arbres, ou bien les femmes en tailleur. Affolée, je me suis assise à même la pierre et j’ai tenté de m’imprégner de sa froideur et de ne pas m’éloigner de mon idée originelle. Fuir la chaleur des hommes. J’ai repensé à mes histoires passées, je voulais en sortir. Alors je me suis levée, et j’ai marché vers l’herbe, assez loin de cet homme pour ne pas être ambigüe, mais assez proche pour l’être. Puis j’ai humé l’air, j’ai avalé des yeux le point d’eau à une centaine de mètres tellement goulûment que je me sentais nager. Et puis j’ai senti un regard. Celui de cet homme, là-bas, non loin de moi, mais pas assez proche. Le regard est le début d'une histoire, ensuite la voix l'étoffe puis les chapitres de la peau se succèdent, la fin est entendue ...

Justement, cet homme me hantait tant, qu’un brin d’herbe devint mon amant d'un rayon de soleil. Je l’ai collé à ma bouche, je l’ai emmené chez moi, il m’a réchauffé, j’ai cru que c’était cet homme.

 

Et quand le brin d’herbe m’a collée délicatement sur mon fauteuil vert en me caressant, j’ai su que c’était lui, cet homme.

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