Vice versa

Il bandait. Je ne savais quels songes l'avaient amené à se dresser ainsi mais aussi sûr qu'il dormait, il bandait. Stupéfaite par sa fermeté, je me sentis vite gênée par cette imposante érection. Jamais encore, je ne m'étais retrouvée seule avec elle. Il avait toujours était présent. D'ailleurs , il avait toujours été présent « avant tout ». C'était d'abord lui, dans sa globalité, que je charmais par mes caresses et mes baisers. C'était dans ses yeux que je guettais la flamme, dans ses soupirs que je dosais mes gestes. Et, enfin, son désir montait. Mais là… il dormait. Son corps assoupi ne semblait palpiter que dans cette rigidité. Il n'y avait qu'elle et moi. Elle m'invitait, me suggérait une délicieuse trahison consistant à commencer sans lui. Juste elle en moi. Comme pour faire taire la malicieuse, je l'embrassai. Ainsi cachée sous ma langue elle me laisserait bien un peu de répit ? Quelle erreur ! La sentir se crisper dans ma bouche tandis que mon amant endormi ne cillait pas, m'aguicha plus encore. Mon ventre se déchirait sous l'effet de ce désir presque adultère. Je glissai ma main entre mes cuisses pour calmer l'effervescence… je ne voulais pas aller trop vite, j'espérais le savourer sans le réveiller.

Avide de cette intimité nouvelle, je mis sans doute trop d'ardeur ; sa respiration changea.

Jouir de lui sans lui était trop tentant, je l'enfourchai d'un bond. J'étais soudain enveloppée dans un cocon de chaleur, les larmes emplissaient mes yeux et j'avais l'impression de tomber dans le vide.

Puis un rugissement intercepta ma chute et un poids m'empêcha de bouger…j'étouffais.

Lentement je me réveillai…mon amant essoufflé entre mes jambes m'écrasait.

Finalement j'avais été son jouet et nous en avions joui…Ainsi finissait ma nuit.