Viens ! Je t'apprendrai à compter les étoiles

J'ai eu un coup de cœur, y a longtemps, un qui s'oublie pas. Le genre de truc qui te colle des printemps au bout des doigts et qui du cœur aux pieds t'arrache des émeutes.

J'saurais pas dire l'heure exacte, j'veux dire l'heure où j'me suis sentie en vie. J'sais pas, peut-être le premier jour, c'est sans doute les histoires qu'il racontait, où alors c'est venu un peu après, après, quand sa voix s'égratignait sur des toutes premières confidences et qu'elle s'est mise comme ça, à déshabiller des douleurs laissées en coulisses.

Et pourtant, moi je ne tremble pas pour rien, j'ai pas le frisson bon marché, mais sous sa voix, j'm'y suis plu et ma tristesse la malheureuse a pris des airs de rues après la pluie.

Ouais, je sais ce que  tu vas m'dire : « ma pauvre, qu'est-ce que tu peux être fleur bleue ! » Pas faux ! Mais c'est que ça m'est pas arrivé si souvent, d'ailleurs depuis ça ne m'arrive plus jamais, alors j'essaie de revoir mes émotions à la baisse.

Autant te dire tout de suite que ça ne marche pas, non et c'est pas faute de  persévérer, rencarts sur le pouce, conversations à l'espérance de vie d'un papillon et beaucoup de vin pour y croire.

Loin du coup de cœur, j'ai le ventre vide et le sommeil qui se traîne le long de mes angoisses infinies. Ouais, on ne dort pas sous tous les sourires.

C'est comme ça que je me suis mise à compter les étoiles.