Aile apostrophe.

"Un jour ça te tombera dessus. Tu verras, ça arrivera quand tu t'y attendras le moins." Elle n'en peut plus, de ces phrases toutes faites. Elle a juste envie qu'ils la ferment. Qu'on arrête de lui rabâcher les mêmes mots qui ont de moins en moins de sens. Parce ce que c'est pas vrai. Elle voudrait crever, là tout de suite. Rien que pour leur faire voir qu'ils ont tort. Parce que c'est pas vrai. On peut passer toute sa putain de vie seule. Avec le précipice en dessous de la corde sur laquelle elle avance les pieds tremblants. Elle voudrait qu'on se taise. Qu'on arrête de la rassurer. Elle aimerait gueuler que ça l'aide pas. Qu'on la laisse plutôt tomber. Qu'elle fera pas de bruit, elle a en a jamais beaucoup fait.

Mais y a toujours des mains pour aggriper les siennes. Elle voudrait parfois ne plus voir de mains. Fermer les yeux. Ne plus voir demain.

 Mais la vie est une succession de carrefours des "possibles" et les incertitudes tenaces sont des cendres où crépite encore l'espoir.  

Elle est épuisée, de n'avoir fait qu'attendre. Parce qu'elle n'y avait pas droit. Qu'elle n'avait pas de chance. Tu parles. C'est pas une question de droit, ni de chance, c'est une questions de choix et elle avait fait tous les mauvais.

Elle avait essayé pourtant, de ne rien attendre. Elle voulait que ça tombe, que ça la foudroie sur place.. Elle voulait les bleus, les feux, le sang, l'essence. Elle était prête à tout prendre, tout donner. Souffrir du trop, pour une fois. Rien qu'une. 

Elle a pris la plume d'escampette, elle a réinventé ses sourires. Des vrais mais pas finis. Incomplets.

Elle est un chantier. Avec des finitions bâclées, du plancher pourri sous le lino, des trous laissant passer l'eau dans le plafond.

Elle compte les gouttes. Il faudrait qu'elle se bouge, qu'elle prenne un seau, qu'elle éponge cette boue autour d'elle.

Mais elle attend. Elle l'attend.