Ça fait que t'es beau

Le soir tombe et je marche à côté de toi, ça sent la pluie, tu sens l'orage, celui qui va exploser parce qu'il a eu trop chaud, tu parles même pas, je crois que t'écoutes le soleil se poser sur l'herbe mouillée et moi je gribouille dans ma tête des parapluies roses. T'allumes ta clope comme si c'était la dernière, t'inspires fort, à t'en déglinguer les poumons, je sais pas pourquoi tu fais ça, demain t'auras encore le temps.

Tu regardes droit devant tes yeux, tu fais une ligne bien comme il faut et j'me dis que tu dois voir autre chose que moi, parce que t'as ce truc qui s'éteint au fur et à mesure que tu avances, moi j'suis lucide, je sais bien que c'est la dernière fois qu'on fait quelque chose tous les deux.

J'imprime la fumée blanche qui quitte ta bouche pour les nuages, les champs tout autour, le soleil qui se barre, qui passe sur toi, ça fait que t'es une ombre dorée, ça fait que t'es beau, un peu caché, j'imprime les bords de tes coudes, de tes genoux et de tes joues, ceux de ton sourire que je reverrai jamais, j'imprime tout avant la fin du chemin, parce qu'après, après tu vas partir.

Tu finis par dire que tu sais pas vraiment pourquoi, que c'est sans doute la vie, mais que de toute façon la vie tu l'aimes pas, à cause du carrelage froid et des au revoir, mais que les éclats de rires tu leurs garde toujours un coin dans ta tête pour que ça résonne quand t'en as besoin.