Ca ressemble à ça. [Défi n°6/ club "Jetez l'encre!"]

Quand je te vois comme ça sur ce transat, étalée comme une crêpe mal retournée, entrain de griller doucement sous le soleil de 9h, j’ai envie de te balancer dans l’herbe mouillée juste pour que tu me gueules dessus.  Mais t’es un paysage si beau, quand tu dors, même quand t’es décoiffée pas fait exprès, même quand t’as les paupières violettes des heures qu’on a passées siroter à nos rêves avec de la menthe et de la glace pilée.   

J’sais pas pourquoi tu m’embarques toujours dans des plans comme ça. Quelle idée t’as eu de nous emmener là, en plein hiver, au milieu des vaches et des coqs qu’ont l’horlogerie sévèrement déréglée. On aurait pu se prendre un weekend sur la plage comme tout le monde.  Mais ouais, c’est ça, t’es pas tout le monde. Toi t’avais envie d’avoir froid, de râler contre le chauffage défectueux, t’avais envie d’avoir envie d’allumer un feu. Relans de  Johnny Halliday. Outch. 

Et voilà, on était rendu là, tous les deux dans une maison à peine à 15 km de chez nous. Bonjour le dépaysement. Quoi que si.  On était pas pareil. Je sais pas pourquoi on sait pas être libre autrement qu’ailleurs. Même un ailleurs proche. Même que souvent, on n’a pas le même ailleurs. Je te rattrape toujours.

Faudrait que je te réveille. Le café est entrain de refroidir. Mais je peux pas me lever le cul de cette chaise, j’ peux pas me lever le bras que t’as pris en otage sous tes doigts.

Je peux pas m’enlever le cœur dont t’as fait un refuge pour toi.

Je pourrais te dire toutes les choses qu’ont de sens qu’avec toi. Mais ça ressemblerait à une déclaration. 

« - Haaaow !

- Salut Mickael Jackson !

- Putain je baillais ! T’es réveillé depuis quand ?

- J’sais pas …

- Oh ! Regarde, y a des cabris qui viennent manger l’herbe du jardin, tu crois que c’est pour ça que les proprios ont une cour aussi chouette ?

- J’ sais pas…

- Mais viens, regarde,  ils m’aiment bien ….

- Moi aussi …

- Mais oui, toi aussi ils t’aiment bien, allez, viens, t’as pas la trouille quand même ?!

- Si … »

Je te prends en photo dans ma tête. Tes  tâches de la même rousseur que celle de tes compagnons sur l’herbe.

Je te prends en photo. Tes pieds nus, pleins de boue, trois ongles vernis seulement parce que t’ avais eu la flemme.

Je te prends.  Par la main. Juste pour rien.  Parce que tu souris avec tant de bruit que tu peux pas traduire mes silences.

Je t’ai. Dans ma vie, et c’est grandiose, t’es grandiose, tu me grandis tout ce que j’avais de trop étroit en moi. L’espoir, le bonheur , cette aptitude à être en vie.

Je. Suis dans la merde.

« Putain, ils ont fait caca !! »

Toi aussi.