ça y est, je suis

Ça y est, je suis sortie de prison. Depuis hier. Je tire un trait sur le passé. Avoir supporté dans mes murs, des chameaux, des ragondins, des bonobos, des crèves la faim, des pestiférés, des victimes et des bourreaux, je veux dire tous ces animaux à 2 pattes enfermés dans leurs images et leurs croyances attitrées qui ont pompé mon air en se nourrissant à ma lumière, ça m'aura beaucoup musclé le périnée. Ainsi maintenant, je peux pisser facilement sur ceux-ci, sur ceux-là, en alterné, sur chaque violon individualiste qui cherchera tout seul au monde, à se parler, à me respirer. Ça y est, je suis sortie de prison. De ma gentillesse, de mon innocence en gratuité aussi. J'en ai fini de me tuer et de payer. Le don de moi commence aujourd'hui même là, où ma propre destruction s'est enfin arrêtée.