Cyrano de Bergerac clashe Dieudonné

Nous avons assisté hier soir à un singulier affrontement. Dans un restaurant parisien, Cyrano de Bergerac se trouvait par la grâce du hasard, voisin de table de l'humoriste Dieudonné. Nous avons eu le privilège d'assister à leur échange, que nous reportons intégralement ci-dessous.

- Ainsi donc, vous fîtes l'esclandre! railla Cyrano. Par l'audace galvanisé, vous avez craché dans le calice des disgracieux. 

- Mais ferme-la, Gerberac ou je ne sais pas qui, là! Tu vois pas qu'on est en train de bouffer? 

- Tremblez, pitre! répondit Cyrano en toisant son interlocuteur. Tremblez de l'apocalypse des émus apondus. Ils auront raison de vos lyrismes. 

- Ton cerveau est malade, il faut t'arrêter! Qui t'envoie? demanda Dieudonné.

- Qu'à vos talents ne plaise, vous prîtes le risque fou de croquer des égos enflés sans la mesure que pourtant dictait l'élémentaire élégance. 

- Dans ton cul la mesure, Cyrano! 

- En vouant à des gémonies égales les ambassadeurs des cabossés, vous avez vous-même boni votre condamnation. 

Dieudonné se leva soudain et affronta Cyrano face à face. On eut dit deux coqs heureux de la lutte. 

- Mais écoute-toi, grande buse! Tu sais qu'on est dans deux catégories différentes maintenant? Le vieux laid qui courtise sa cousine en gueulant des alexandrins, ça a le succès de François Feldman, aujourd'hui. Tu connais les derniers chiffres de tes ventes ?

- Croyez que sans revoir les ventilations de vos brocards, vous n'aurez de singulière que la chute. Vos adages tendent les catapultes. Vous essuierez leurs retours. 

- Tes catapultes sont des lèches-culs! Ils ne sont dangereux que pour les couards. 

- Quoi qu'ils lèchent, ils se débarrassent aisément d'analyses et vocifèrent des indignations opportunes. Aux succès d'images seules propices. 

- Mais je le sais ça, Cyrano. Rentre chez toi. Tu viens d'où, Nono? Avec ton grand nez là, on connait ton origine, tu sais qui sont tes parents? 

Dieudonné rit.

Cyrano eut une moue gênée et un geste de retrait.

- Mouillez votre vin, Dieudonné, je ne suis pas votre ennemi. Vos dénis vous cuiront. Vous auriez fait avec plus de panache en éloignant de votre cour les simples et les laids!

- Tu es bon. Mais tu es un crétin, aussi. Je me serais rabaissé. Tu as fait quoi toi, à Arras? Tu es allé ramper sous Roxane, faire l'utile, réclamer des prébendes à la mort de Christian? Ou tu es resté grand et droit, épouvantail futile? 

-  J'aime vos transports et vous adoube pour le panache qu'a le harcèlement des rois par la dérision. Mais je vous prédis une disparition sauvage, par votre allergie à la nuance générée. 

- Je te rejoindrai alors, pour avoir refusé la médiocrité, la prétention. Pour être ton frère en humanité, que les manèges de cour insupportent..

Dieudonné tendit la main à Cyrano qui la prit.  Nous les avons vu prendre place ensemble à une même table et poursuivre leur échange sans plus pouvoir les entendre.

Cet échange est pure fiction. Les répliques ne contiennent aucune citation.