Défi à blanc

darklulu

Nous revoilà donc face à face.

Toi dans ton immaculée virginité, et moi, l’œil gris et le cheveu en bataille.

Les défis que tu me lances chaque jour m’épuisent, mais font paradoxalement parties de l’énergie dont j’ai besoin quotidiennement.

Pourtant, aujourd’hui, j’ai longtemps hésité avant de t’affronter. J’avais besoin de fourbir mes armes : mon stylo et mon cerveau. Faut dire que cela fait quelques temps que les trouves émoussés, employés (dévoyés) à d’autres fonctions que tu ne peux pas comprendre, et que je ne t’expliquerais pas. J’aurais trop peur d’être d’accord avec toi si tu les trouves futiles.

Mais j’ai l’impression que le fusil qui me sert à les affuter, l’imagination, n’est pas forcément dans un meilleurs état.

J’observe ta blancheur, et mon esprit s’évertue à créer des mondes, des univers entiers, qui s’effondreront sur eux-mêmes dès qu’ils commenceront à tourner.

Directement du big bang au big crunch.

A chaque fois, il manque l’étincelle. Cette petite flammèche qui deviendra le brasier dans lequel se consumeront intrigues et personnages, pour renaître de leurs cendres

Phénix de rêves et de fumée.

J’ai perdu le compte du nombre de fois où je me suis avoué vaincu face à toi. Cependant, à chacune d’elles, je me suis toujours étonné des destins, des erreurs corrigées, des vies, des naissances, des morts, qui pouvaient exister sur un monde de 21 cm x 29,7 cm.

623,7 cm2 et seulement deux dimensions. Et déjà une infinité de possibilités.

J’imagine le casse-tête que cela a dû être pour le créateur.

Chapeau mon gars ! Mais bon, on ne joue pas dans la même cour.

Les clic-clic de mon stylo ponctuent les secondes, minutes, heures qui s’égrènent. Chacune est l’aveu implicite de ma faiblesse.

Je n’arrive pas à trouver la combinaison du coffre-fort dans lequel tu caches l’essence de mes mots.

Le monde, le mien, le nôtre, ne se résume plus qu’à toi et moi, désormais.

Véritable huis-clos dans lequel je cherche à te confondre, à prouver que tu en sais plus que ta blancheur ne permet de percevoir.

C’est frustrant.

Il me suffit d’imaginer une scène, de l’écrire, pour que tu finisses en boule ou déchirées, ou encore en cendre au fond d’une poubelle ou d’un cendrier.

Mais tu es toujours, là !

L’inquisition à laquelle tu me soumets à ton tour pèse sur moi bien plus que ce que je ne le montre.

Mon stylo trace maintenant un huit allongé symbole de l’infini, le serpent qui se mord la queue.

Et le symbole de ta victoire.

Tu n’es plus vierge.

Mon encre noire à corrompu ta surface, ton être et ton essence. Je n’ai désormais d’autre choix que celui de finir le travail.

J’écris la première chose qui me traverse l’esprit :

« Nous revoilà donc face à face… »

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