dieu existe ou parfois un miracle

Il était midi, ce mardi, celui-là même, et le soleil tremblait un peu. Il avait plu le matin. C'était à deux pas de l'école. Mais vous n'aviez  pas classe. Votre mère avant de quitter la maison, vous avait fait promettre de rester au chaud devant la télé car hier encore vous aviez  de la fièvre. Cependant vous aviez enfourché votre chère bécane, et sans attendre, ganté et casqué, tout de même, vous dévaliez à cent à l'heure la rue qui descend.

C'est là que je vous ai croisé, petit. Vous sautiez les gendarmes couchés comme à saute-mouton, vous voliez carrément par-dessus les dos d'âne, cela tenait de la haute voltige. Bien sûr que j'ai trouvé tout cela imprudent mais la rue était déserte à cette heure et ce fut votre chance !

A peine vous avais-je croisé et toisé d'un regard réprobateur de vieille enquiquineuse, que je percevais derrière moi un strident bruit métallique d'engin percutant le bitume. Bien  sûr c'était vous  cher ange. Votre roue ailée avait frôlé le trottoir, et votre bel étalon de course était allé se fracasser dix mètres plus loin, après une longue glissade sur le sol détrempé. Vous aviez cependant élégamment évité un poteau et deux bornes de voirie (ah ces charmants aménagements urbains !) et peut-être même une éventuelle voiture ! Coup de chance jeune homme !

Alors vous m'avez appelée. Moi la seule passante (jusque là sans souci) à cette heure. A l'aide Madame , entre deux sanglots, et la douleur d'un petit poignet de dix ans à peine, brisé sans aucun doute. N'appelez pas ma mère. Surtout. (On peut comprendre....)

Secouriste c'est pas mon fort. Bon, je l'ai retiré doucement  de dessous son vélo. Etendu à plat. Vérifié sa nuque. Merci le casque. Posé trois questions sur son ventre, son poignet. Et m'avisai lugubrement qu'il n'y avait personne d'autre que lui et moi sur la route. Moment de grande solitude. Personne à cent lieues.

Sous mon crâne, petite tempête, questions existentielles, to be or not toubib ? Minutes sans fin.

Et là, le croirez-vous ? Non bien sûr,  qui me croirait ?

Là, je vous le donne en mille,  une voiture s'arrête à notre hauteur . Je suis pompier Madame !

Un second véhicule aussitôt s'empresse . Je suis ambulancier !

(Si dieu n'existe pas, alors c'est quelqu'un d'autre qui le remplaçait à cet instant !!!)

Heureusement parfois le ciel est immense. Et parfois dieu existe. Pour quelqu'un qui n'y croit pas évidemment c'est une boutade, mais pour celui qui croit c'est bien normal.  C'est la moindre des choses, hein pas vré là-haut ? Cela dit l'a pas que ça à faire le bon dieu, à s'occuper de ramasser les gamins qui font des glissades en vélo sur la route ! Pendant que leur mère est partie au boulot.

Au fait, quand on a demandé au minot où travaillait sa mère qu'il fallait parvenir à joindre tout de même, je vous le redonne en mille !!!!! me croirez-vous ? Sûrement pas !

Elle bosse à l'hôpital , à côté.................................................Aux Urgences.

Non, ce n'est pas un gag, je vous jure.

Quand je vous dis que dieu existe ! 

Quelquefois.