Entre les serres d'Harpie

cerise-david

Concours Transfuge Pattaya

On ne fait plus la guerre. On joue à cache-cache avec de simples lâches qui bourrent les cadavres d’enfants d’explosifs, avec de minables malfaiteurs. On combat les maîtres de la misère, pire espèce de l’humanité ; ceux qui fondent leur empire sur les malheureux.

L’avion décolle aujourd’hui pour la Guyane, Terre d’eaux abondantes et très vite m’y voilà jusqu’aux genoux dans cette mangrove puante. Moi qui me voyais assister à la ponte des tortues Luth, sur une plage paradisiaque, me voilà embourbé dans une chasse à l’homme, à l’or. Dans cette jungle de notre société qui prône la réussite au détriment du sort humain. Les premiers jours d’adaptation ne sont pas chose facile, trop d’insectes, d’humidité, de lianes. Malgré les centaines d’espèces d’oiseaux colorés qui s’envolent à notre approche, les voyages en pirogue sont loin des gondoles de Venise. On craint la noyade, les crocodiles, les serpents d’eau. Au 11e jour de marche, enfin, un camp. Les hommes qui survivent ici tentent de nous échapper. Farouche, elle était là, peau ébène, regard émeraude, reflet de la mangrove qui guette votre noyade. Garder notre mission en tête, chez tous l’excitation est palpable. Son peuple sert d’esclaves, de diverses façons aux « garimpeiros » qui viennent souiller le sol de mercure pour en extraire l’or par tonnes. On parle peu, notre attitude menaçante est inutile, ces gens n’ont rien à perdre. Je pose les yeux sur elle, impuissant face à son air impassible. De son âme non plus il ne reste rien. On brûle tout, ne leur laissant que leurs vêtements sales pour rejoindre le poste qu’ils n’atteindront jamais. Dans ses yeux s’enflamment la colère, et tel un serpent je revois ses hanches se frayer un chemin dans la boue et le nuage de cendres.

Nous reprenons notre avancée dans cette saloperie de jungle. Je ne peux effacer son visage de ma mémoire. Une beauté sacrifiée à la recherche de l’Eldorado et j’en ai froid dans le dos. Les jours se succèdent, la notion de temps s’évapore comme l’eau de nos corps. Nous dormons entre deux arbres, suspendus dans un hamac qui nous berce et nous éloigne des tarentules et autres insectes qui pullulent entre les racines des cèdres. Les nuits sont courtes, oppressantes.

Elle est là, étendue sur ces draps sales, qui sentent la sueur et le foutre. J’ai mal entre les jambes et son regard lourd de sens qui se pose sur la bosse de mon pantalon. Je ne parle pas sa langue mais très vite, les fluides se mélangent. J’ai la tête qui tourne, il fait si chaud dans ce pays. Je suis ici pour quelques mois et j’essaye de ne pas penser à l'après. Je chasse de ma tête les nombreuses questions. Cette fille me rend fou, elle aspire mon gland avec une telle passion. Elle sait très bien où et comment m’amener. Elle est si jeune pourtant. J’imagine les mains de ces dizaines d’hommes qui l’auront frôlée, pincée et caressée avant moi. Je sens ma queue qui se gonfle encore. Je sens que je viens, je plonge une dernière fois mes yeux dans les siens et agrippe ses cheveux pour ne pas qu’elle échappe à ma douce semence.

Je me réveille en sursaut, mes draps sont humides, je suis bouillant. Putain de serpent à la con. Leur morsure vous rend fou, et le bruit assourdissant des moustiques qui tournent autour de mon hamac. La fièvre est arrivée quelques heures après la morsure. On a beaucoup marché ses derniers jours, on avance de plus en plus, 6 semaines que je suis là à jouer au singe. Ces horribles macaques me rendent dingue avec leurs cris. Ils se foutent bien de notre gueule du haut de leurs branches quand empêtrés dans les lianes on est là comme des cons.

On ferait mieux de faire machine arrière, le ventre chaud de cette garce m’attend… Je revois ses seins ronds. J’ai chaud, si chaud…

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