La porte grince encore...

Colette Bonnet Seigue

A toutes les larmes de sel au viol de l'enfance...


La porte grince encore. J’ai rangé mes cris dans mon oreiller, où l’herbe poussait parmi les oiseaux, quand c’était l’été.

 La porte grince encore. Comme chaque soir, où la feuille tremble pour ne pas mourir,  où ma poupée grise a trempé ses yeux dans le lac gelé.

 La porte grince encore. Le plancher grimace sous tes pieds rapaces. Mes larmes de sel sèchent mon corps grêle et le tien brûlant, sur mon oreiller a fané la fleur que j’avais laissée.

 Tu as tout cassé, mes rires confiés au miroir des rêves, chemins de traverse, gazouillis de blé. Puis, tu es parti… Sous tes pieds rapaces, la trace est restée sur le vieux plancher et mon corps souillé a fait la grimace.

 Ma poupée est morte en ce soir d’été…

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