Le côteau de mes mots

Edwige Devillebichot

Remontant mains nues,

la pente abrupte du côteau

de mes mots

je doute et je regrette,

j'ai mal d'avoir mal à la peau

tant de mots à revisiter

tant de sens à ressusciter

je suis trop fatiguée...

en douleur brute, je me retourne

je glisse dans l'humus

me blesse une cheville

là... dérrière moi... une énorme chenille

urtiquant pire que le piquant...

je refais front aux ronces

de petits points scintillent

sur mon regard en écran

je me love sur la terre humide...

remet mon coeur au pas...

je me relève, j'avance

lentement...

là, contre toute attente

apparaît sur le ciel une clairière

inondée de lumière

où des bûcherons coupent

des arbres calcinés

finissant sans chansons

l'implacable travail des foudres,

les yeux crevés par la lumière

je cris merci au gland

je lâche enfin mes chaînes

je laisse couler ma peine

je cris grand merci à la grêle

qui sait me corriger

grand merci au soleil

qui sait me réchauffer

rejeton du grand chêne

je pousse

moi qui n'ai que si peu été

je naîs...

et j'ai mal aux épaules...

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